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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Dimanche 16 octobre 2022 à 11h

CARTE BLANCHE À ANAÏS DEMOUSTIER dans la cadre du FIFIB


Projection en présence d’Anaïs Demoustier

MON TRÉSOR

(Or) Keren YEDAYA - Israël 2004 1h40mn VOSTF - avec Ronit Elkabetz, Dana Ivgy, Meshar Cohen, Katia Zimbris... Scénario de Keren Yedaya et Sari Ezouz. Cannes 2004 : Grand Prix de la Semaine de la Critique et surtout CAMÉRA d’Or. (qui récompense le meilleur premier film du Festival, toutes sélections confondues).

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MON TRÉSOROr a 17 ans et une vie qui n’a rien de léger ni d’insouciant, dans ce quartier de Tel-Aviv où elle vit depuis toujours, partageant un petit appartement avec sa mère Ruthie, une femme encore jeune, belle, charmeuse autant que désespérante. Aussi loin qu’Or se souvienne, Ruthie se prostitue, se laissant glisser dans une sorte de masochisme autodestructeur et chronique qui la conduit régulièrement à l’hôpital.

Inlassablement, Or s’acharne à tirer sa mère des galères où elle ne cesse de se fourvoyer, rafistole, nettoie, recolle les morceaux. Elle la soigne, l’empêche de sortir, la dorlote, se fait tour à tour sévère ou tendre : la plus mère des deux n’est pas celle qu’on pense, mais malgré les efforts de sa fille, la belle Ruthie se laisse aller. Or lui trouve un travail, la sermonne, la secoue… Or aime sa mère plus que tout, comme on aime un enfant insupportable et pourtant fantastiquement attachant. On sent, parfois, qu’il suffirait de peu, mais elle cumule les conneries, abrutie par les choses qu’elle avale, comme dépendante d’une irrésistible envie de s’avilir. Il y a pourtant des moments de répit, des moments de grâce, d’une intimité douce lorsque les deux femmes s’occupent de leur toilette, se font un henné, prennent soin de leur corps… On veut croire qu’une rédemption est possible  et la fantastique énergie déployée par Or semble pourvoir aboutir.

Entre les petits boulots qu’elle enchaîne, Or trouve le temps d’aller au lycée dès qu’elle peut. Elle lutte pour deux, lucide, mature, tentant en vain de freiner sa mère dans sa descente inéluctable et consentie aux enfers.
En fait de bouffées d’oxygène, Or se réserve des petites escapades, des aventures amoureuses qui lui donnent l’illusion passagère d’exister, petites soupapes aléatoires où elle flirte avec un destin qui la rapproche de celui de Ruthie. Jusqu’au jour où elle tombe vraiment amoureuse de son jeune voisin Ido… C’est rien de dire que la société israélienne militarisée, où les valeurs partent en capilotade, « où les rapports amoureux sont réduits à une consommation expéditive du corps de l’autre », n’est pas d’une grande tolérance pour les faibles, les démunis, ceux qui ne sont pas très convenables. La mère d’Ido, qui connaît les deux femmes depuis des lustres, rêve depuis toujours d’un autre destin pour son fils et ne voit pas d’un œil indulgent cette relation qui débute. Le mépris qui transparaît dans ses manifestations apparentes d’affection vont probablement jouer un rôle plus destructeur pour Or que toutes les difficultés qu’elle rencontre par ailleurs…

Les deux actrices font un formidable duo, « qui donne à voir le lien très fort entre une mère et sa fille, les blessures communes et les douleurs tues ». Dans la foulée de James’ journey to Jerusalem, de Kadosh et de quelques autres… Mon trésor fait partie de ces films israéliens d’une vitalité, d’une richesse et d’une libertés épatante des réalisateurs audacieux – et ici c’est une réalisatrice, fait exceptionnel dans le cinéma israélien – s’interrogent sur une société déchirée, où les certitudes s’effritent, bien loin des rêves de terre trop promise, une société qui souffre cruellement de l’absence de raisons d’espérer en un monde meilleur.