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Coopérative QUI VIVRA BÉRAT habitat partagé en évolution la Ménardière
Une autre façon de vivre ? Une autre façon de vieillir ? Voilà 4 ans, qu’un groupe de retraités a investi le Domaine de la Ménardière en créant une coopérative. Objectif : Vivre et vieillir ensemble solidaires et actifs jusqu’au bout du chemin. Chambres d’hôtes, Conc...

SÉANCES BÉBÉS
  Les séances “bébé” sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu’ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu’il peut arriver qu’un bébé fasse du bruit en suçant son pou...

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

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WAR PONY

Riley KEOUGH et Gina GAMMELL - USA 2022 1h54 VOSTF - avec Jojo Bapteise Whiting, Ladainian Crazy Thunder, Jesse Schmockel, Wilma Colhoff, Iona Red Bear... Scénario de Franklin Sioux Bob, Bill Reddy, Riley Keough et Gina Gammell. Caméra d’or du Festival de Cannes 2022. (meilleur premier film, toutes sélections confondues).

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

WAR PONYL’un est à peine sorti de l’adolescence pour commencer maladroitement sa vie d’adulte, il s’appelle Bill, et à 23 ans il est déjà deux fois papa mais vit séparé des deux mamans. L’autre a dans les 12 ans et s’appelle Matho, vit seul chez un père aussi peu présent que possible – et quitte l’enfance un peu trop vite, un peu trop tôt, partagé entre la nécessité (qui fait loi) de survivre en milieu hostile, le désir de grandir et l’appel persistant de restes d’insouciance enfantine, réduite ici à son strict minimum. Ici, c’est-à-dire à Pine Ridge, la réserve indienne des Oglala Lakota, dans le Dakota du Sud. Un territoire désolé, quart-mondisé, économiquement sinistré, socialement abandonné, profondément abîmé par le combo gagnant de la misère (chômage – pauvreté – drogue – délinquance), dans lequel il est bien compliqué de se construire et de bâtir des projets d’avenir. Chiot perdu sans collier, Matho se partage entre l’école, qui le structure encore un peu, et l’errance, le désœuvrement, la débrouille, avec lesquels lui et sa petite bande d’amis ont appris à composer. On s’invente des familles, on deale (mal) la drogue planquée du paternel pour se faire trois sous, on s’alcoolise, on rêve sous les étoiles, bref : on s’arrange avec l’existence en regardant s’éloigner l’enfance.
Bill, lui, cherche désespérément la martingale qui lui permettra de vivre enfin de plein droit le sacro-saint « rêve américain » – il pourrait être livreur, se spécialiser dans le commerce d’essence siphonnée sur les parkings, ou se contenter de monnayer benoitement des trajets en voiture. Mais à son idée, germée alors qu’il rapportait un chien errant à sa propriétaire et confirmée par la consultation des internets, oracles des temps modernes, le secret pour faire fortune sans trop d’effort serait de s’improviser éleveur de caniches de luxe. Quitte pour cela à s’endetter (mais qui lui prêterait de quoi démarrer ?) ou, pire, à travailler pour un propriétaire terrien – blanc – du voisinage.



Fascinant autant que délicat mélange de rudesse sociale et de douceur aux lisières de la poésie, le film de Riley Keough et Gina Gammell, constamment sur le fil, tient la gageure de décrire la réalité crue de la vie moderne des jeunes « native american », déclassés, coupés de leurs traditions, contrariés dans leurs aspirations, sans sombrer dans le misérabilisme ni le sermon condescendant. Le projet même du film, longuement mûri et travaillé, est né de la rencontre de Riley Keough avec Bill Reddy et Franklin Sioux Bob, tous deux natifs de Pine Ridge. Devenus coscénaristes de War Pony, ils apportent tout leur vécu, leurs anecdotes, leurs expériences personnelles et familiales, à l’évocation de la réserve montrée à l’écran. Ils sont également à l’origine des échappées oniriques, des figures totémiques fugacement représentées, qui disent bien mieux que de longs discours le déracinement culturel et le désarroi de ces populations. La quête parallèle de Matho et Bill, vulnérables et déterminés, qui tentent chacun par ses moyens de trouver leur place d’hommes, d’Indiens, d’Américains et d’adultes dans une société qui rechigne à les intégrer, est magnifiée par une mise en scène et une photographie de toute beauté, qui font mieux que leur rendre hommage. Et pour compenser un déterminisme qui pourrait les accabler, les réalisatrices ont l’élégance et la générosité de leur apporter quelques rayons de soleil au milieu de la grisaille. Drôle, percutant, tout autant que dur et émouvant, War Pony est un premier film tout à fait emballant, qui nous invite avec vigueur à prendre fait et cause pour ses personnages. Ce dont on ne saurait se défendre.