Crève La Taule 84
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p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 115%; background: transparent }“On nous dit que les prisons sont surpeuplées. Et si c’était la population qui était suremprisonnée ?” Michel Foucault@page { size: 21cm 29.7cm; margin: 2cm }
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ENSEIGNANTES, ENSEIGNANTS ! Vous pouvez organiser des séances scolaires en matinée.
Nous pouvons organiser des séances à la carte pour vos classes, en matinée. Vous trouverez une liste des films programmables sur notre site internet, rubrique « Jeune public et scolaires »/ “D’AUTRES FILMS POUR LES SCOLAIRES” Pour les maternelles : Zébulon l...
La Ménardière : un habitat partagé en construction…
À Bérat, à mi-chemin entre l’Ariège et Toulouse, la Ménardière est un beau domaine aux multiples possibilités. Acquis en 2019 par une douzaine de personnes au bord de la retraite qui refusaient le destin peu folichon, que nos sociétés réservent à leurs vieux : ni solution privée au coût e...
Vidéo en Poche, c'est fini
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...
Séance unique le samedi 21 janvier à 10h30 suivie d’une rencontre avec Jean-Robert Alcaras, maître de Conférences en Sciences Economiques à l’Université d’Avignon et Président de l’Université Populaire d’Avignon.
Richard Brouillette - documentaire Québec 2015 1h19mn -
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
Oncle Bernard, c’était l’incomparable Bernard Maris, un des regrettés chroniqueurs de Charlie Hebdo abattus comme Charb, Cabu, Wolinsky, Tignous, Honoré, un sinistre 7 janvier. Bernard Maris c’était l’économiste de la bande, qui tentait de rendre moins opaque une science souvent confisquée par des experts qui voulaient la rendre incompréhensible aux béotiens. Un homme à la gouaille impressionnante, à l’accent du Sud-Ouest très marqué, exécutant les pompeux cornichons de la finance à coup de formules fleuries et assassines. Il était truffé de contradictions : proche d’ATTAC, des Verts, il défendait l’importance de la gratuité, du don et du contre don, tout en acceptant en 2011 un poste de membre au conseil général de la Banque de France. Il était homme de gauche mais s’était pris d’amitié pour l’incontrôlable Michel Houellebecq à qui il avait consacré un livre. Il avait voté le traité de Maastricht, tout en disant plus tard qu’il fallait sortir de la zone euro. Un mec parfois agaçant, imprévisible, qui fascinait et énervait.
En 2000, le cinéaste québécois Richard Brouillette l’avait interviewé pour un film qu’il finira bien plus tard, en 2008, L’Encerclement (disponible en Vidéo en Poche), fascinant documentaire qui défendait des visions alternatives de l’économie. La disparition de Bernard Maris rendait important d’extraire cette leçon ludique et jubilatoire d’économie à la portée de tous. En 2000, Bernard Maris porte joliment la cinquantaine et à Charlie Hebdo, Siné sème encore sa zone à la rédaction. Malgré le dispositif volontairement austère (le film est tourné en pellicule 16 mm noir et blanc, et Brouillette intègre même les changements de bobines tout en laissant tourner le son) destiné à laisser totalement la place à la parole libératoire de Oncle Bernard, on est subjugué par le fait que cette pensée d’il y a quinze ans n’a pas pris une ride au regard des événements actuels. Oncle Bernard dénonce pêle-mêle la collusion des trois strates des économistes (les savants, les experts et les journalistes), l’opacité organisée au niveau international pour empêcher les Etats de jouer leur rôle régulateur, l’incertitude absolue constitutive de l’économie capitaliste, la nécessité pour le capitalisme de détruire tout ce qui est collectif et par là-même l’environnement, les batailles stupides de statistiques pour masquer le réel aux yeux de la population, le critère absurde de la croissance… Il démonte le dogme de la main invisible du marché, et a quelques mots peu amènes pour les cadres (pardon pour ceux qui nous liront).
Tout cela est, malgré le dispositif aride, extraordinairement vivifiant… Et on a un petit coup de blues en entendant Maris engueuler Luz qui fout le bordel pendant l’interview ou lors d’un bref échange avec Cabu mort de rire, parce que Bernard Maris s’apprête à partir dîner avec Line Renaud… C’est sûr que ces gaillards n’auraient que moyennement goûté l’hommage des dictateurs et de Johnny Hallyday. En tout cas merci à notre réalisateur du pays des caribous d’avoir ressuscité avec ce beau film cet économiste irrévérencieux qui nous manque tant.
La « science économique » laisse-t-elle encore une place à des voix discordantes, hétérodoxes, critiques, iconoclastes — comme l’était celle du Professeur Maris ? Cette question est d’autant plus importante à l’heure où des étudiants contestent en vain la manière dont cette discipline est enseignée, où des hétérodoxes se voient refuser de créer une nouvelle spécialité scientifique qui promouvrait une vision plus ouverte et pluraliste de l’économie, et où des néoclassiques (P. Cahuc et A. Zylberberg) publient un brûlot visant explicitement à museler leurs plus virulents contradicteurs (Le Négationnisme économique — et comment s’en débarrasser, Flammarion 2016)… J-R Alcaras