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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LE RÈGNE ANIMAL

Thomas CAILLEY - France 2023 2h08 - avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos, Tom Mercier, Billie Blain... Scénario de Thomas Cailley et Pauline Munier.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LE RÈGNE ANIMAL« Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience ». Des citations de cet acabit, de René Char ou d’autres illustres et fins auteurs, François en a un plein sac en réserve. Sa conversation en regorge, brandies comme autant de cartes « joker » imbattables pour faire face et expliquer toutes les situations de la vie. Ça lui donne forcément un petit côté puits de culture sûr de lui un peu agaçant – mais comment en vouloir à un père de tenter d’inculquer tant bien que mal à son grand ado de fils quelques valeurs humanistes, et lui fournir des armes pour affronter une réalité pour le moins difficile ? Car pour Émile, 16 ans, comme pour son père François, le drame du moment présent a un nom : Lana. Lana, la mère d’Émile, la femme de François, que tous deux sont en train de perdre. Qu’Émile a, dit-il, déjà perdue. Que François ne peut pas se résoudre à laisser partir, prêt à tout risquer pour l’accompagner, tout tenter pour la faire revenir. Car Lana est frappée d’un mal mystérieux, un genre de virus qui se propage dans la population, sans qu’on en sache l’origine ni qu’on connaisse le vecteur de contamination, et qui, progressivement, inéluctablement, transforme en animaux – mammifères, oiseaux, reptiles – celles et ceux qui en sont atteints. Pas moyen de s’en préserver ni d’enrayer le processus… on isole les « malades » en cherchant frénétiquement des traitements, on n’a d’autre solution que de mettre en quarantaine des « monstres » retournés à l’état « sauvage ». Lana est ainsi envoyée avec quelques autres mutants dans un centre fermé du sud du pays – à proximité duquel s’installent donc le père et le fils pour ne pas l’abandonner, elle qui semble déjà partie et dont le nouvel état représente même pour eux un danger bien réel.
Ce film-là, parole, il va vous en mettre plein les mirettes ! Malin, émouvant, haletant, visuellement époustouflant, c’est au propre comme au figuré du « jamais vu ». Quelque part entre le conte, la fable, le mélodrame, le thriller et le rêve éveillé, un peu tout ça en même temps, il pourrait, enfin, sonner le glas de la longue malédiction qui frappe le cinéma fantastique français, donner le coup de grâce au désamour chronique qui le tient si souvent éloigné du grand public. Qu’on se le dise : Le Règne animal, geste artistique ambitieux, a tout du grand film populaire, accessible à tous. Un sujet fort, des images d’une beauté renversante, un casting impeccable : le jeune Paul Kircher porte littéralement le film, Romain Duris est parfait, aussi agaçant en père-la-morale qu’émouvant en amoureux éperdu, Adèle Exarchopoulos est épatante en gendarme pleine d’empathie qui se débat contre une hiérarchie dont le sexisme endémique n’a, c’est un euphémisme, pas été déconstruit.



Écrit pourtant avant la pandémie de Covid, Le Règne animal a de fortes résonances avec cette actualité récente, mais se trouve aussi au croisement de nombre de questionnements très actuels qui y sont plus ou moins directement liés. Notre rapport à la Nature, bien sûr, tout le mal que l’humanité lui inflige – et tous les plus que probables retours de bâtons qui se profilent. Les questions de normalité, de genre, d’espèce, la possible transition de l’une à l’autre, la violence du regard de la société sur une supposée « monstruosité »… On y retrouve pêle-mêle des éléments de thriller moderne et des archétypes réinterprétés du cinéma et de la littérature fantastiques. La réussite est magistrale !
Ce ne sont plus ici les animaux de La Fontaine qui sont malades de la peste, mais les Humains qui sont rappelés à leur condition animale – la plus sauvage n’étant pas forcément celle qu’on croit.