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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

UTOPIA PALMER LANCEMENT D’UN FINANCEMENT PARTICIPATIF
Pour un cinéma alternatif et vivant, sur les hauteurs du parc Palmer à Cenon, petite ville de 30 000 habitants faisant partie de Bordeaux Métropole.À l’heure où les professionnels cherchent désespérément la recette miracle du « retour du public en salles », entre prestations...

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RUE DES DAMES

Écrit et réalisé par HAMÉ et EKOUÉ - France 2023 1h44 - avec Garance Marillier, Bakary Keita, Sandor Funtek, Virginie Acariès, Brahim Bettayeb...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

RUE DES DAMES« Dans ces villes-dortoirs cœur du litige, Où on est tiré du sommeil par la faim, Comment veux-tu qu’on ne pense pas qu’à l’oseille à la fin ? » (extrait de Silence de ma rue de La Rumeur)

Hamé et Ekoué, on les suit depuis le milieu des années 90, d’abord comme membres actifs de La Rumeur, le groupe le plus politisé, le plus conscient du hip-hop français, ce qui a les a conduits à un procès hors norme dans sa durée, face au ministre de l’intérieur du début des années 2000, un certain Nicolas Sarkozy. Passés derrière la caméra avec un téléfilm, ils avaient impressionné avec leur premier long métrage, Les Derniers Parisiens (2017), plongée dans le monde nocturne d’un Pigalle en pleine mutation, portée par la prestation formidable de Reda Kateb. Un film qui explorait l’arrondissement parisien où ils ont grandi, le 18e. Avec ce nouveau film dont le titre évoque une rue du 17e limitrophe, non loin de la Place de Clichy, ils ont parcouru la distance de deux stations de métro pour évoquer leur quartier en voie de paupérisation. Car le sujet récurrent de Hamé et Ekoué, c’est la survie immédiate des gens de peu, et leur extraordinaire ténacité pour maintenir la tête hors de l’eau, alors que le moindre aléa de la vie peut les faire basculer de l’équilibre précaire à la rue.

Alors que nombre de films français se déroulent dans un monde étrange, comme hors sol, où il n’est jamais question d’argent, les personnages de Rue des Dames ne parlent que de ça, parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’en désintéresser. Et c’est bien le principal souci de l’héroïne, Mia, 25 ans, jeune esthéticienne qui arrondit ses fins de mois en orientant certaines de ses clientes vers des soirées VIP sur les Champs Élysées, où elles pourront rencontrer stars d’un jour ou footballeurs… Ces petits boni sont devenus de plus en plus vitaux depuis qu’elle a appris qu’elle est enceinte de son compagnon en liberté surveillée. Et avec une mère passablement défaillante, qui s’est lancée dans une improbable histoire d’amour avec Yohann, un policier sans doute trop jeune pour elle, elle ne peut compter que sur elle-même pour trouver les moyens plus ou moins légaux de rassembler argent et papiers en vue d’obtenir un nouvel appartement. Dans le même temps, sa meilleure amie est également tombée enceinte, des œuvres d’un footballeur en pleine ascension, accessoirement tout ce qu’il y a de marié, et ce secret va devenir l’objet de tractations, de jeux de pouvoirs et de pressions diverses…

Sur une trame de thriller urbain rondement mené, avec son lot de trahisons et de retournements, de flics ripoux et de magouilleurs souvent bien plus défendables que les tenants de la loi, Hamé et Ekoué proposent un très remarquable film social où la lutte des classes est actualisée à l’heure de l’ubérisation et de l’argent facile, où personne n’échappe à la quête désespérée d’argent pour s’en sortir, mais où, malgré tout, de très beaux personnages gardent l’esprit de solidarité chevillé au corps, avec notamment le très touchant Issa, le chauffeur uber, un peu perdu face à l’amnésie de son jeune cousin devenu footballeur millionnaire.
À côté de formidables comédiens non professionnels qui dégagent une profonde authenticité – on pense aux protagonistes des films de Rabah Ameur Zaïmeche, notamment le récent Le Gang des Bois-du-Temple –, Garance Marillier, révélée par Julia Ducournau dans Grave, porte le film avec son énergie inébranlable, dans un rôle de combattante du quotidien qui n’est pas sans rappeler la Rosetta des frères Dardenne.