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La Paix, éternelle Utopie ?
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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

UTOPIA PALMER LANCEMENT D’UN FINANCEMENT PARTICIPATIF
Pour un cinéma alternatif et vivant, sur les hauteurs du parc Palmer à Cenon, petite ville de 30 000 habitants faisant partie de Bordeaux Métropole.À l’heure où les professionnels cherchent désespérément la recette miracle du « retour du public en salles », entre prestations...

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CAPTIVES

Arnaud DES PALLIÈRES - France 2023 1h50 - avec Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Marina Foïs, Yolande Moreau, Dominique Frot, Carole Bouquet, Solène Rigot, Candy Ming... Scénario de Christelle Berthevas et Arnaud Des Pallières.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CAPTIVES« C’est si rare maintenant quand une femme a du tempérament, que quand une femme en a, on dit que c’est de l’hystérie. » Jules Barbey d’Aurevilly

L’écrivain cité ci-dessus, catholique réactionnaire et aristocrate dandy, n’en était pas moins un fin observateur de son époque, la deuxième moitié du xixe siècle, dominée par une bourgeoisie décadente et patriarcale, qui n’aimait les femmes que soumises ou monnayables. Quand elles ne rentraient pas dans une de ces cases, elles étaient d’office qualifiées « d’hystériques », un concept largement popularisé par un pionnier de la psychiatrie, le docteur Charcot. Si on ne peut lui nier certaines avancées médicales, Charcot fut surtout durant quelques décennies le maître incontesté d’un lieu peu reluisant de plusieurs hectares au cœur de Paris : l’hôpital de la Salpêtrière, où furent internées des centaines de femmes, pour des raisons on ne peut plus hétéroclites, déficientes ou malades mentales, mais aussi prostituées trop remuantes, activistes politiques radicales ou simplement des femmes que leurs familles voulaient écarter pour des raisons peu avouables.



Captives met en scène ce lieu et ses pratiques à travers le regard d’une jeune femme, à la veille du xxe siècle, période de bascule où les règles de la Salpêtrière finirent par changer, heureusement ! Dès le premier plan, le ton est donné et le regard d’Arnaud Des Pallières (auteur entre autres du remarquable Michael Kholhaas en 2013) s’impose : on voit en plan serré des mains élégamment gantées de maille, et au-dessus un poignet enserré par une chaîne. Fanni (Mélanie Thierry) s’apprête à être internée. On comprendra rapidement qu’elle s’est en fait infiltrée dans l’établissement pour retrouver une mère perdue et peut-être placée là une dizaine d’années auparavant – et cette recherche donnera au film une dimension de thriller. Fanni est accueillie par « La Douane », (Marina Foïs), sévère infirmière qui l’oblige à un déshabillage complet et à un bain glacé (un des remèdes prétendument bienfaisants de ce bon professeur Charcot) puis par Bobotte (Josiane Balasko), la surveillante générale revêche. Avant de découvrir ses compagnes d’infortune, parmi lesquelles une prostituée qui ne semble pas avoir toute sa raison (géniale Dominique Frot) et la pianiste Hersilie Rouy (Carole Bouquet), recluse à la Salpêtrière pour permettre la spoliation de son héritage (Hersilie publia par la suite ses mémoires, qui firent grand scandale). S’appuyant sur un scénario extrêmement documenté, Arnaud Des Pallières décrit admirablement ce monde exclusivement féminin où quelques-unes font régner la terreur et les humiliations. Un monde où certaines femmes accouchent et voient disparaître immédiatement leur enfant, qu’on leur arrache pour le confier à une institution religieuse.

Le film est servi par une exceptionnelle troupe d’actrices qui incarnent magnifiquement la sororité des internées et, dans l’autre camp, l’ambiguïté des personnalités de leurs bourreaux, avec le climax que constitue la scène fascinante du bal des folles, une sorte de fête organisée chaque année, où le tout Paris venait, comme dans un zoo humain, contempler en toute indécence l’étrangeté des pensionnaires. La mise en scène, basée sur le choix délibéré de ne voir les événements qu’à travers le regard de Fanni, crée une dynamique qui permet au spectateur de ressentir tous les sentiments contradictoires du personnage. On soulignera les étonnantes couleurs chaudes choisies par le réalisateur – alors même qu’on aurait pu s’attendre à un univers de grisaille – qui insufflent quelque chose d’organique à ce microcosme carcéral.