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MAY DECEMBER

Todd HAYNES - USA 2023 1h57 VOSTF - avec Natalie Portman, Julianne Moore, Charles Melton, Cory Michael Smith... Scénario de Samy Burch.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MAY DECEMBER« Au début du film, le spectateur fait confiance à Elizabeth (qu’incarne Natalie Portman). C’est par elle qu’on fait la connaissance de Gracie (qu’interprète Julianne Moore) et de son histoire. Puis on découvre comment Elizabeth utilise tous ceux qu’elle rencontre, et notre confiance en elle s’en trouve ébranlée.
C’est cela qui me séduisait dans ce projet : confronter deux actrices que j’adore, et mettre le spectateur dans une position instable, dans laquelle il doit constamment réévaluer ce qu’il pense des personnages… » Todd Haynes



On n’osait même pas en rêver, mais Todd Haynes l’a fait : un film qui additionne les sortilèges du Sud des États-Unis, de Julianne Moore, de Natalie Portman et d’une passion transgressive, en ayant, de surcroît, une actrice célèbre comme personnage principal… May December nous conduit ainsi de ravissement en ivresse, puis nous laisse une tenace invite à la cogitation admirative.
Elizabeth (Natalie Portman), comédienne connue, débarque à Savannah, dans l’État de Georgie, pour rencontrer Gracie (Julianne Moore) et se documenter en profondeur sur son histoire, en vue d’un film en préparation. Car, une vingtaine d’années auparavant, Gracie a soudain quitté son mari afin de vivre pleinement son amour avec un garçon âgé de… 13 ans, Joe. Elle a dû alors passer par la case prison, tout en assumant d’être enceinte de son trop jeune amant, et, plus tard, de l’épouser en restant dans son quartier, malgré le scandale…

Comme souvent avec Todd Haynes, réalisateur cinéphile et érudit, la forme tient de l’écrin. La musique de Michel Legrand composée jadis pour Le Messager de Joseph Losey (1971), ici réarrangée avec éclat comme du John Barry pop, devient la ponctuation omniprésente et entêtante de l’action. L’atmosphère sulfureuse du Sud à la Tennessee Williams, dans la tradition de La Chatte sur un toit brûlant, attise l’imagination. Comme l’écho des audaces de Douglas Sirk, maître du mélodrame féministe, auquel Haynes avait rendu hommage dans Loin du paradis (2002), avec, déjà, une Julianne Moore affranchie…
Le fond est tout aussi fascinant, où que l’on porte son attention. Il y a l’écart énigmatique entre le passé brûlant entraperçu et la routine familiale du couple formé par Gracie et Joe, après plus de deux décennies partagées. Il y a, plus encore, la relation en miroir, ambiguë et glissante, entre les deux héroïnes, le modèle et son double en devenir. Gracie est combative, lunatique, ombrageuse. Elle se définit comme « naïve », est toujours plongée jusqu’au cou dans la réalité quotidienne. Elizabeth, en retrait, observe, analyse, rêve. Pure actrice, elle est portée, elle, à jouir d’une imitation de la vie, d’un simulacre qui est le cœur même de son travail – superbe composition sur un fil de Natalie Portman. Cette dualité est d’autant plus vertigineuse que la « non-actrice » de l’histoire doit tout au talent monstre de l’immense Julianne Moore… Todd Haynes a la virtuosité nécessaire pour embrasser les deux manières d’être au monde. Il nous fait aimer à la fois la spontanéité déconcertante de celle qui a vécu sans trop réfléchir et le plaisir spécial, vampirique, de l’autre – plaisir qui est aussi, bien sûr, le sien. (L. Guichard, Télérama)

PS : En langue anglaise, l’expression « May-December » désigne une relation dans laquelle il y a une différence d’âge notable entre les deux amoureux. En français, on a l’équivalent dans la chanson de Serge Reggiani Il suffirait de presque rien : « Comment peut-il encore lui plaire, elle au printemps, lui en hiver ? »