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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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MIS HERMANOS

(MIS HERMANOS SUEÑAN DESPIERTOS) Claudia HUAIQUIMILLA - Chili 2022 1h25mn VOSTF - avec Ivan Caceres, César Herrera, Paulina Garcia, Andrew Bargsted... Scénario de Claudia Huaiquimilla et Pabro Greene.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MIS HERMANOSLe très beau plan d’ouverture nous montre deux adolescents, dont on comprend vite qu’ils sont frères, allongés dans l’herbe. Ils discutent de leur avenir rêvé qui mêle dans un fantasme hétéroclite vie rangée et prospère et gloire footballistique du côté du Camp Nou, le stade mythique du FC Barcelone, le club de référence quand on est un jeune Chilien. Le plan s’élargit, laissant découvrir la beauté luxuriante d’une montagne recouverte de grands arbres, mais ouvrant à droite une tout autre perspective : un grand mur barre l’écran, celui du centre éducatif fermé dans lequel les deux frères sont embastillés depuis des semaines, des mois peut-être.

La cinéaste chilienne d’origine mapuche Claudia Huaiquimilla avait eu l’occasion de découvrir le monde des centres éducatifs fermés lors de la sortie de son premier long métrage Mala junta, qu’on lui avait demandé de présenter auprès de mineurs incarcérés. Elle avait été impressionnée, à la fois par les lieux la plupart du temps inadaptés à des enfants et adolescents – très souvent d’anciennes prisons pour adultes (l’un de ces centres « éducatifs » a même été construit dans un ancien centre de torture du régime Pinochet !) – et par les récits de vie des jeunes spectateurs rencontrés. De ces rencontres et d’un fait divers tragique survenu dans un de ces centres, elle a fait la matière de ce film, magnifique portrait d’adolescents aux vies brisées si tôt et au futur si incertain. Quand on a 15 ans ou moins, comme Angel et Franco, les deux frères sur lesquels le récit se concentre, être enfermé entre quatre murs d’enceinte, vivre au rythme inlassablement monotone de contraintes quotidiennes millimétrées et souvent ubuesques, sans avoir de perspective précise de sortie, dans l’attente d’un procès non daté… c’est difficilement supportable.
Claudia Huaiquimilla montre un système carcéral et judiciaire totalement inadapté à des garçons à peine sortis de l’enfance, sans jamais tomber dans la caricature. Si les gardiens sont parfois aussi brutaux que peuvent l’être ceux d’une prison pour adultes – dans un pays où l’administration pénitentiaire porte le lourd héritage d’avoir été le bras armé de la dictature –, un magnifique personnage d’enseignante et assistante sociale vient apporter lumière et espoir : elle fait presque office de mère de substitution pour beaucoup de ces gamins qui n’en ont plus ou qui la voient lors de trop rares visites. Une femme – superbement campée par Paulina Garcia – qui doit composer avec les paradoxes de sa situation, lucide sur l’échec du système qui ne permettra de sauver que peu de ses élèves mais qui s’accroche pour apporter cette empathie et ces notes d’espoir dont ils manquent tant.
Mais surtout, au-delà des réalités les plus dures et qui ne sont pas édulcorées (la présence d’un garçon qui tente d’abuser des plus jeunes, les anxiolytiques dont les gardiens abusent pour calmer le mal être), Claudia Huaiquimilla filme magnifiquement la fraternité, qu’elle soit biologique entre les deux héros ou amicale entre tous ces garçons qui ne peuvent compter que sur leurs copains de dortoir pour tenir. Mais cette fraternité sera-t-elle suffisante pour calmer les envies de révolte et de tentative d’évasion ?