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BORGO

Écrit et réalisé par Stéphane DEMOUSTIER - France 2023 1h57 - avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi, Michel Fau, Pablo Pauly, Florence Loiret-Caille, Cédric Apietto... Collaboration au scénario : Pascal-Pierre Garbarini.

Du 17/04/24 au 14/05/24

BORGODepuis sa révélation lumineuse dans La Graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche, on n’en finit pas d’être épaté par le jeu unique, authentique et décalé de Hafsia Herzi, qui n’a pas son pareil pour incarner des personnages aux mystères intérieurs insondables. Une intensité opaque qu’on retrouve dans le rôle de surveillante pénitentiaire qu’elle interprète dans Borgo – du nom de la petite ville corse, à un jet de châtaigne au sud de Bastia, qui abrite une prison « à caractère humain » (selon le Contrôleur général des lieux de privation de liberté – qui est présentement une femme, la journaliste Dominique Simonnot). Entendez un peu moins surpeuplée que la moyenne et dotée d’un quartier de semi-liberté. Une prison où, comme le dit ironiquement la directrice remarquablement campée par Florence Loiret-Caille, « ce sont plus les prisonniers qui surveillent les matons que l’inverse ».
C’est donc à la prison de Borgo, spécifiquement dans ce quartier de semi-liberté, que se retrouve mutée la surveillante, après quelques années passées à arpenter les couloirs de Fleury-Mérogis. Et c’est donc dans une HLM des faubourgs de Bastia que Mélissa, son mec et sa petite fille ont posé leurs bagages – dans une tentative de reconstruction familiale de la dernière chance. Mais forcément, la prison de Borgo est essentiellement peuplée de détenus corses et c’est là que ça se complique…



Le récit s’inspire d’un fait divers bien réel – et non encore jugé – mais le réalisateur Stéphane Demoustier (son film précédent, le très bon La Fille au bracelet, explorait déjà un personnage féminin complexe dont on avait du mal à juger de la culpabilité) a préféré s’en détacher et décrire à travers cette histoire un milieu singulier et saisissant, dans une Corse qu’il connaissait peu lui-même. Ce milieu, c’est celui de cette prison unique à ciel ouvert, une spécificité inconnue sur le continent et que le personnage de Mélissa découvre en même temps que nous. Elle y retrouve un jeune détenu de Fleury, un gangster à visage d’ange qui, bientôt libéré, va se proposer de l’aider à s’intégrer dans ce nouvel univers – mais aussi dans sa vie quotidienne, notamment en intervenant en faveur de son mari, victime de racisme. La jeune matonne est très vite rattrapée par une réalité, à l’intérieur comme à l’extérieur, propre à un territoire qui se vit en lutte, faite de clans, de militantisme armé, de vengeances, de services rendus – et à rendre. Engrenage, dépendance, mensonge… elle se retrouve vite piégée dans une spirale – disons-le – infernale.
La force du film doit beaucoup à sa mise en scène aussi discrète que brillante, qui réussit à faire exister la prison corse et son fonctionnement très particulier, tout en déroulant en parallèle (et en flash-back) une enquête policière menée par un commissaire pour le moins original, savoureusement incarné par Michel Fau, investigation de bureau qui se nourrit en vain d’images de vidéosurveillance. Dans ce jeu de dupes, de chats et de souris, le jeu décalé et fascinant de Hafsia Herzi laisse tout au long du film planer le doute sur les réelles motivations de Mélissa.

Ce qui ne fait en revanche aucun doute, c’est que Borgo va rentrer tout droit au panthéon des meilleurs films réalisés sur l’univers carcéral (dedans et dehors), avec cette spécificité très remarquable d’être centré sur un personnage féminin.