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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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JUSQU’AU BOUT DU MONDE

(THE DEAD DON'T HURT) Écrit et réalisé par Viggo MORTENSEN - Canada / Mexique 2024 2h09 VOSTF - avec Vicky Krieps, Viggo Mortensen, Solly McLeod, Garrett Dilahunt, W. Earl Brown, Danny Huston...

Du 01/05/24 au 14/05/24

JUSQU’AU BOUT DU MONDEL’amour au premier regard ? Ça y ressemble furieusement, à l’instant où Holger Olsen, le danois, et Vivienne Le Coudy, la québecoise, se repèrent sur un quai de San Francisco. L’aventure se cristallise lorsque la fleuriste abandonne son étal pour suivre le cavalier jusqu’au Nevada. Le couple plante son jardin d’Éden dans un canyon, proche d’une petite ville régentée par le tout puissant Alfred Jeffries.
The Dead don’t hurt (« les morts ne blessent pas ») : ce titre insolite désigne la seconde réalisation de Viggo Mortensen. Le film s’annonce comme un western et s’ouvre néanmoins sur une apparition médiévale. Par la suite le bonhomme bouleverse les temporalités, parsème les ellipses et tortille les stéréotypes.

Situé en 1860, Jusqu’au bout du monde (titre français) raconte une conquête de l’ouest, pas une lutte sanguinaire pour un territoire mais la quête d’un bonheur discret. Mortensen tisse une trame élégiaque, fondée sur la complicité : Holger et Vivienne partagent une dignité bien comprise, tannée par les errances et les adversités. Lorsqu’il part rejoindre les armées nordistes contre une prime et parce qu’il sait se battre, elle ne s’y oppose pas. Mais s’il revient, il faudra réapprendre à s’aimer.
Mortensen creuse le sillon de la famille et la filiation amorcé dans Falling (2021), son premier opus, face-à-face entre un fils homosexuel et un père viscéralement homophobe. Une animosité furieuse émerge à nouveau lors de la sidérante mise en joue du sinistre Jeffries par Weston, son fiston sociopathe.
Mais c’est bien Vivienne / Vicky Krieps qui polarisent le récit. Taiseuse, parfois rieuse, indépendante mais attentive, la jeune femme n’oblige pas mais ne lâche rien. Elle affronte les obstacles et même le Mal, droit dans les yeux puis assume sans quérir de clémence. Déterminée, imperturbable, Vivienne s’incruste dans un milieu et des usages édictés par les hommes. Le scénariste-réalisateur-interprète s’estompe et donne toute son ampleur à cette figure féminine, sublimée par une partenaire dotée d’une force intérieure déjà palpable dans Phantom thread (2017) de Paul Thomas Anderson et le méconnu Bergman island (2019) de Mia Hansen-Love.
Ceci écrit, ça surine, ça malmène, ça outrage… ça contamine même (quatre films sous la direction de David Cronenberg, maître de l’organique, on n’en sort pas sans séquelles). Viggo Mortensen sacrifie aux codes du genre mais à sa manière et livre la recension d’une vengeance, doublée d’une fable sur le pardon.

Délicat, élégant, dépourvu de condescendance, Jusqu’au bout du monde respire le plaisir et la liberté de filmer, tout au long d’un récit de vie, nourri de connivence, d’intelligence, de réparation. Une vraie, belle, histoire d’amour. (Michel Flandrin, critique de cinéma, Utopien de la première heure à Avignon…)