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Samedi 13 avril à 16h15

CHIEN DE LA CASSE

Jean-Baptiste DURAND - France 2023 1h33 - avec Anthony Bajon Raphaël Quenard, Galatea Bellugi, Bernard Blancan... Scénario de Jean-Baptiste Durand, Nicolas Fleureau et Emma Benestan.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CHIEN DE LA CASSEChien de la casse est un film très ancré géographiquement. Ça se passe dans un petit village de l’Hérault. Un village de pierre avec son église romane et sa petite place pas loin. Plutôt joli, ce village, perché dans sa garrigue, mais franchement ce n’est pas qu’il soit joli qui nous intéresse ici. On y suit des loulous en jogging baskets qui zonent, pas moins qu’en banlieue : sur le banc de la petite place, le jour comme la nuit, les conversations, les joints, la bière, les blagues et l’ennui. On y suit leurs errances, leurs rituels et leurs coups de pied dans le vide. Une jeunesse de campagne qu’on connaît peu, qu’on voit peu, ni paysanne, ni ouvrière, ni néorurale, qui ne correspond à aucune famille sociologique prédéfinie. Ici, en cas de coup dur, on vient trouver conseil auprès du ciel de l’infinie garrigue, parfois aussi auprès du dealer en chef. Car le dealer en haut de la chaine, lui non plus ne correspond pas tout à fait à l’image habituelle qu’on s’en fait : il vit près de la mer, prodigue au son des mouettes de sages conseils d’ami et partage ses inquiétudes quant au manque d’appétit de son pote le chat. Ainsi le film emprunte au sous-genre du film de lascars un certain nombre de motifs, mais ne ressemble pour sûr à aucun autre : on y traine en bande, on joue à la Fifa sur la play, on s’embrouille et on écoute du rap… mais pas que. On aime aussi écouter du piano, pâtisser des zézettes pour la voisine, lire de la littérature et citer Montaigne.

Au cœur du film, deux personnages liés par la puissance de l’amitié. Une amitié presque fraternelle. Indéfectible et profonde, mais pas toujours bienveillante, nourrie de tout ce que la fraternité peut receler d’ambivalence. Mirales et Dog sont deux gars qui voudraient être des hommes, mais qui sont encore coincés dans une sorte d’adolescence, pour l’un dans un idéal absolu et orgueilleux, pour l’autre dans la torpeur caractéristique de cette période. Si le second est taiseux, le premier déploie une verve aussi incisive que savoureuse, aussi prosaïque que philosophe.
Amis depuis l’enfance, l’arrivée d’Elsa dans la vie de Dog va mettre au grand jour le rapport de force constant dans lequel ils sont enfermés. Se rejoue alors entre eux une petite dialectique du maître et de l’esclave où on ne sait plus exactement qui a le plus besoin de l’autre pour exister, même si l’on voit parfaitement qui domine qui.
Grâce à l’écriture de personnages complexes qui abolissent à eux seuls les circonscriptions habituelles des cultures de classes, le film gifle un certains nombres d’idées reçues. Néanmoins la hiérarchie des cultures demeure et Mirales est pris dans une dualité permanente. Se sentant à la fois tout à son aise et étriqué au village, il déploie son intelligence et sa frustration en phrases assassines. Prêt à exploser, tout en dedans, comme en témoigne cette scène emblématique au restaurant, avec tout ce que le repas symbolise et cristallise comme culture de classe.
À croire qu’il voudrait parfois (re)faire l’éducation de son ami de toujours comme il s’attache à faire au quotidien celle de son cher Malabar, son chien.

Servi par un duo d’acteurs époustouflants, le film est rythmé par des dialogues au cordeau où l’humour et les traits d’esprit fusent, bouffées d’air lumineuses et salutaires. Et à l’image des lumières multiples qui composent le film dans des contrastes forts et une alternance vive, Jean-Baptiste Durand travaille et charge le dialogue de sa force si bien qu’à travers le personnage de Mirales notamment, le verbe martyrise ou colore le monde dans toute sa puissance ; mais, assurément il n’en finit pas de l’éclairer. (La poésie comme le rap le savent bien).