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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Jeudi 10 Février 2022 à 14h

LA CLASSE OUVRIÈRE C’EST PAS DU CINÉMA : Le travail dans tous ses « éclats » !


En partenariat avec le Département Hygiène, Sécurité et Environnement de l’Université de Bordeaux.
Débat avec Alain Garrigou, professeur des universités en ergonomie, Université de Bordeaux.

ROUGE

Farid BENTOUMI - France 2020 1h28mn - avec Zita Hanrot, Sami Bouajila, Céline Sallette, Olovier Gourmet... Scénario de Farid Bentoumi et Samuel Doux.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

ROUGEPeut-être vous souvenez-vous du réjouissant premier premier film de Farid Bentoumi, Good luck Algeria qui retraçait l’histoire cocasse d’un entrepreneur contraint de devenir champion de ski pour sauver son usine ? Pour son second long métrage, le jeune cinéaste se lance dans un tout autre registre. Rouge est un thriller haletant, un pamphlet écologique percutant, un passionnant portrait au vitriol de notre époque, de ses compromissions… à travers la vie de gens qu’on dit ordinaires mais qui ne le sont pas tant que ça…

L’humaine condition… Combien sa fragilité transparait quand elle repose en peu de mains, en l’occurrence celles d’une jeune infirmière débordée, trop sollicitée… Nour (Zita Hanrot, tendre et lumineuse) est l’antithèse d’une brute épaisse. Il suffit d’un regard pour la deviner consciencieuse, passionnée par son métier, émue par ses patients. Et pourtant ce jour-là, sa carrière va basculer le temps d’un battement de cil. Son destin restera suspendu aux décisions trop lentes d’une administration aveugle, assoiffée de trouver des fusibles éjectables et donc coupables pour fuir ses propres responsabilités. Le manque de moyen criant de notre système de santé semble tout entier contenu dans la courte scène efficace qui introduit l’intrigue, et dont on ressortira presque aussi hébétés que Nour.
La voilà mise à pied, mise entre parenthèses, tout comme sa vocation… Obligée de revenir dans le giron patriarcal. Rompue la distance qu’elle avait mise entre elle et la ville provinciale de son enfance, surplombée par les montagnes verdoyantes, tout comme son économie est surplombée par l’usine locale, puissance incontournable qui permet à la région de prospérer, aux ouvriers de vivoter et aux politiques de politiquer. Ici, depuis des décennies, nul ne remet en question la manne autour de laquelle tout gravite, qui emploie la majeure partie des hommes du coin, dont le père de Nour. Ce dernier, Slimane (magistral Sami Bouajila), sera si fier de remettre le pied à l’étrier à sa fille, de lui trouver un poste d’infirmière au sein même de « son » usine où il est apprécié autant par ses collègues que par le patronat (incarné par Olivier Gourmet) en tant que bon ouvrier et délégué syndical. Et c’est là que l’aventure intime va basculer dans un propos plus universel, plus décapant. Les nouvelles fonctions de Nour, qui auraient pu – qui auraient dû – constituer une bonne planque, un long fleuve tranquille, vont la lancer dans une course cauchemardesque à la recherche de la vérité. Trop consciencieuse et impliquée pour être diplomate, la jeune femme aura tôt fait de soulever quelques lièvres dérangeants dans les dossiers à l’abandon de son prédécesseur et se heurtera à l’omerta qui veut qu’un chien ne mord jamais la main qui le nourrit… Peut-être Nour, prise en tenaille entre conscience professionnelle et reconnaissance envers son père, aurait-elle joué le jeu elle aussi, sans la mobilisation de quelques activistes écologistes, sans surtout cette journaliste qui enquête avec obstination sur les boues, d’un rouge ocre magnifique, rejetées par l’usine. Ne seraient-elles pas dangereusement toxiques ?

Le film est assez passionnant, investi par des acteurs formidables qui rendent les personnages crédibles, touchants, complexes. Sans doute les origines sociales du réalisateur, grandi dans un milieu populaire, ouvrier, contribuent-elles à la justesse de ton. Il évite l’écueil du manichéisme, de la condamnation facile. Il connait les méandres, les contradictions, les incohérences d’un système où personne n’est tout noir, ni tout blanc… mais où tous finiront par voir rouge au sens propre comme au sens figuré.