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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Samedi 12 Février 2022 à 20h30

LA CLASSE OUVRIÈRE C’EST PAS DU CINÉMA : Une journée avec Lucas Belvaux


Présentations et débats avec le réalisateur

PAS SON GENRE

Écrit et réalisé par Lucas BELVAUX - France 2014 1h51mn - avec Emilie Dequenne, Loïc Corbery, Sandra Nkaké, Charlotte Talpaert, Anne Cœsens, Didier Sandre, Martine Chevallier... D'après le roman de Philippe Vilain.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PAS SON GENREC'est d'abord à Paris que ça se passe. Paris forcément où Clément, fils de bonne famille, sorte de dandy contemporain, n'en finit plus de séduire le microcosme élitiste et cultivé dont il est membre de droit. Joli garçon bientôt quadragénaire, discrètement élégant, diablement charmant. Un bel esprit dans un corps sain qui choisit d'enseigner la philosophie alors qu'il pourrait ne se consacrer qu'à ses publications couronnées de succès. Évidemment il ne manque pas de prétendantes : dans sa vie elles tournent, passent, mais toujours le lassent. Sans qu'il soit un Don Juan notoire, on comprend qu'il ne veut louper aucune opportunité, ne souhaite pas s'attacher.
Puis le voilà muté à Arras, chef lieu du Pas-de-Calais, pays des andouillettes et des cœurs en chocolat : tout un programme ! D'autres y verraient une punition, notre héros un brin balzacien, quant à lui, y voit l'opportunité de tourner furtivement une nouvelle page de sa vie amoureuse et de fuir les sollicitations mondaines de la capitale pour ne se consacrer qu'à l'écriture. Pourtant, dès qu'il aperçoit dans un salon de coiffure une blondinette capillicultrice pétillante, adorable, il n'a de cesse qu'il n'ait offert sa nuque à ses ciseaux. Jennifer observe, toute en retenue et en méfiance sous ses sourires. Des passades, des amourettes, de grandes amours ou des plans cul : elle aussi a un peu tout connu. Elle ne s'en cache pas ni ne s'en vante. Heureuse de sa vie, de son métier, de son môme qu'elle élève seule. Elle assume ses actes, droite et claire. Il y a ceux qui se la racontent, ceux qui y vont du bout des lèvres, ceux qui essaient de croquer la vie à pleine dents. Dans les arènes des jeux de l'amour, certains arrivent caparaçonnés d'une armure impénétrable, d'autres s'offrent tout entiers, à peau nue, croyant ainsi pouvoir amadouer les démons. Si Clément fait partie des premiers, Jennifer relève bien des seconds et leur relation s'amorce d'emblée comme un moteur à deux temps, décalée. Elle s'y engouffre généreuse, déterminée et si elle refuse, prudente et avisée, le premier « je t'aime » de Clément, c'est qu'elle tâche de se protéger. Elle redoute ces mots post-orgasmiques, trop vite lâchés sur l'oreiller puis aussi vite dissous dans le principe de réalité. Sincérité d'un instant qui se mue en parjure.

Voilà Jennifer vibrante mais lucide, qui attend que Clément se donne à son tour, lui, l'éternel spectateur de la vie, toujours dans le recul, qui se sert du savoir comme d'un rempart contre les émotions. Et si la candeur spontanée de son amante le désarçonne, il s'en défend en enfourchant aussitôt un rôle de mentor pour reformater celle dont le prénom semble tout droit sorti d'une mauvaise série américaine et dont les lectures se cantonnent au roman de gare. Elle s'applique, docile, consciente de ses lacunes, gourmande de ce qu'il lui met sous la dent…
Clément n'assumerait pas sans doute d'introduire Jennifer dans son univers, persuadé qu'elle n'y brillerait que par son joli minois et son sourire craquant. Et pourtant, à bien y réfléchir, si c'était elle, la vraie philosophe ? De la philosophie, Clément ne connait que ce qu'il en a appris dans les livres alors que Jennifer la vit. Le carnaval, les fêtes populaires, les karaokés où elle l'entraîne, tout ça a du sens, tout ça fait qu'elle sait appartenir à une humanité de chair et de sentiments, qu'elle accepte les autres comme ils sont, qu'ils peuvent faire front tous ensemble contre la morosité et la solitude. Et il n'y a pas à dire, quand elle monte sur scène avec ses copines emperlées jusqu'au nombril, sexy en diable, frimeuses jusqu'au bout des ongles, avec juste ce qu'il faut de dérision… on a envie d'applaudir à tout rompre avec la foule ! On en redemanderait et on se dit que si Clément joue les culs pincés, c'est qu'il est décidément irrécupérable…

C'est beau et grave comme une déclaration d'amour sans retour, remarquablement filmé, formidablement interprété. Magnifique Émilie Dequenne !