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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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En collaboration avec Miradas Hispanas, la séance du mardi 23 avril à 20h sera suivie d’une rencontre avec Carlos Tous enseignant à l’Université d’Avignon, spécialiste des déplacements et des formes de conflits en Colombie.

LES OISEAUX DE PASSAGE

(Pajaros de verano) Écrit et réalisé par Ciro GUERRA et Cristina GALLEGO - Colombie 2018 2h05VOSTF - avec José Acosta, Carmiña Martínez, Jhon Narváez, Natalia Reyes... Scénario de Maria Camila Arias, Jacques Toulemonde Vidal et Ciro Guerra.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES OISEAUX DE PASSAGEDe grandes étendues dignes des plus magistraux westerns, une intrigue d’un noir d’encre, les voiles rouges des femmes qui submergent l’écran par leur beauté radieuse, les chevauchées fantastiques qui rencontrent les rites venus des tréfonds des âges… Les Oiseaux de passage ignore décidément les frontières et vole brillamment d’un genre à l’autre. Peu étonnant de la part de Ciro Guerra, dont on n'a pas oublié L’Étreinte du serpent, vénéneux, hypnotique et profond. Alors que son premier film immortalisait à travers son intrigue une tribu d’Amazonie, son nouvel opus, co-réalisé avec Cristina Gallego, nous plonge dans la culture indigène Wayauu, l’ethnie la plus répandue en Colombie. Si le récit débute par une histoire d’amour digne de la bergère et du petit ramoneur, il bifurquera par la suite vers une histoire d’honneur à laver dans le sang, de gangs et de drogue et restera de bout en bout surprenant. Surprenante, la position des héroïnes dans ce monde de machos l’est déjà. Dans cette société matrilinéaire, non seulement les femmes ont la parole, mais elles font aussi la loi. Elles vont vite s’avérer tout aussi puissantes et voraces que leurs hommes.



Tout démarre par une cérémonie psychédélique dans une tente dressée au beau milieu d’un désert aride et capricieux. Tous les mâles défilent et paradent devant la sublime Zaida et ses danses envoûtantes qui frisent la transe. Elle semble surplomber son monde, drapée dans sa fierté de jeune vierge au regard impénétrable, prête à être mariée et déflorée. Qui sera le vainqueur de cette cour arrogante ? Sans doute le plus riche, le plus offrant, le plus déterminé, celui qui semble sceller son destin d'un catégorique : « Tu seras ma femme ». Un ton qui ne tolère aucune réplique. 
C’est sans compter sur la volonté de la belle ni sur celle d’un prétendant fauché comme les blés, un outsider d’un clan voisin sur lequel nul n’aurait parié : Rafa. Trop pauvre pour payer la dot, le voilà qui se lance dans le trafic de marijuana. À dos d’âne ? C’est tout ce qu’il a. Il s’attelle à sa rude tâche qu’il pense temporaire, juste le temps d’amasser la somme nécessaire pour épouser la jeune femme. Mais rapidement son activité devient florissante et ne reste pas longtemps artisanale. Fini les canassons, vive les 4x4 et les avions ! Ainsi fera-t-il sa fortune, le bonheur de Zaida, devenue sa femme, et celui de leurs deux clans. Happy end ? Ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux jusqu’à la fin des temps ? Ce serait une jolie bluette… Mais on se doute que narcotrafiquant est un métier un brin plus risqué que Prince charmant. Leur tranquillité ne durera pas l’éternité. 
L’argent appelle l’argent, l’honneur bafoué, la vengeance. Entre l’avidité des hommes, la folie d’un jeune cousin, chien fou indomptable, l’orgueil d’une terrible belle-mère (formidablement interprétée par Carmina Martinez !), l’ambiance paisible aux fondements anthropologiques se transformera inexorablement en une vendetta aussi sanglante – mais pas plus – qu’une tragédie grecque.

À travers cette intrigue magnifiquement romanesque, c’est un pan d’Histoire méconnu qui est ici mis en lumière, une épopée clanique bien réelle qui débuta pendant la bonanza marimbera (période d’exportation de cannabis aux États-Unis pendant les années 70 et 80), principalement dans le désert de la Guajira. Cette période bien précise forgera le visage de la Colombie moderne. Toute une partie du monde rural enfantera les futurs caïds des cartels à la solde de patrons toujours plus puissants, toujours plus gourmands, toujours plus violents. On comprend dès lors que les scènes les plus délirantes sont tirées d’anecdotes réelles tout aussi cocasses que glaçantes. On sort de ce film durablement impressionné par sa capacité à mélanger les genres, à rester insaisissable, par sa volonté farouche de sortir des sentiers battus et d'ignorer superbement la demi-mesure.

Miradas hispanas est une association avignonnaise de diffusion des cinémas du monde hispanique. Voir notre site : miradashispanas.free.fr