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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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MINARI

Lee Isaac CHUNG - USA 2020 1h55 VOSTF - avec Steven Yeun, Ye-Ri Han, Alan S. Kim, Yuh-Jung Youn...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MINARIPrécisons-le tout de go : Minari de Lee Isaac Chung est un film absolument américain, quand bien même sa langue majoritaire est le coréen. Preuve supplémentaire de l’incroyable melting-pot états-uniens. Le récit, semi-autobiographique, est délicieusement construit autour du double du réalisateur à l’âge de 7 ans… David est un gamin facétieux, dont le regard espiègle observe goulûment et tâche de décrypter le monde des adultes, qui bien sûr se résume essentiellement à celui de ses parents.



L’action se déroule en Arkansas, où la petite famille sud-coréenne déboule sur un coup de tête du paternel, bien décidé à tenter sa chance après avoir échoué à se faire une bonne vie en Californie. À l’arrivée dans leur nouvelle région, les parents reprennent le travail qu’ils avaient sur la côte ouest et qui consiste à trier les poussins à la chaîne : on garde les femelles (qui feront de bonnes poules pondeuses élevées en batterie), on broie les petits mâles – c’est à se demander quel est le sort le plus enviable. Ah ! Les secrets de la grande distribution ! Force est de reconnaître que la perspective de s’adonner au sexage de poussins chaque jour que Dieu fait ressemble plus à une condamnation à perpétuité qu’à l’accomplissement du « Rêve américain ». Ce n’est guère une vie dont on peut être fier devant sa progéniture et, malgré des heures de dur labeur, elle ne sort personne de la précarité.

Alors un beau jour, Jacob, le père de David, prend le taureau par les cornes et décide d’entraîner tout son monde dans un nouveau projet. Son idée  : devenir paysan  ! Les voilà propriétaires d’une terre réputée improductive. Les enfants se tiennent prudemment cois tandis que la mère, Monica, affiche son scepticisme, d’autant plus qu’elle ne digère pas qu’ils soient logés dans un mobilhome… Tout cela est tellement loin de la réussite escomptée, de ses ambitions pour sa famille. Les voilà dans un trou paumé où le voisin le plus proche s’avérera être un vieux timbré loufoque prêt à évangéliser la Terre entière et à porter sa croix pour sauver le monde du péché. Un personnage haut en couleurs, qu’on croirait tout droit sorti d’un film des Monty Python ou d’Alejandro Jodorowsky ! Progressivement le couple semble au bord de l’implosion. Les enfants, eux, sont déjà sans le savoir bien plus américains que leurs parents qui cherchent encore désespérément à « s’intégrer »… L’arrivée de leur grand-mère coréenne (excellentissime Yuh-Jung Youn), venue à la rescousse pour s’occuper d’eux, va créer comme un choc des cultures. En tous cas elle ne va pas arranger les affaires de notre petit David, qui va devoir partager sa chambre avec elle et qui ne se privera pas de faire remarquer qu’elle « pue » la Corée, ronfle, porte des caleçons de mec, ne sait pas faire les gâteaux, jure comme un charretier… Bref, Soonja est tout sauf une gentille mamie à la Walt Disney ! De là à dire qu’il la déteste, il n’y a qu’un pas…

Pourtant Soonja, avec ses drôles de façons, s’avérera porteuse d’émancipation, de dissidence. C’est une femme prête à tout entendre, qui dit sans hésiter ce qu’elle pense et qui se moque bien du regard des autres. Elle est sans filtre, atypique autant que malicieuse… et c’est comme si elle apportait dans sa besace un morceau de Corée… Elle aura tôt fait de trouver le bon coin pour semer des graines de «  minari  », ces herbes typiques de la cuisine traditionnelle, à la saveur soutenue, au feuillage de dentelle délicate… Tout comme l’est ce joli film à la beauté discrète, qui nous immerge dans l’intimité de cette attachante maisonnée. Rien n’est appuyé, tout reste digne, jusqu’à la façon d’évoquer le petit racisme ordinaire, sans en faire un drame. Et tout comme le minari qui parvient à pousser en terre si peu hospitalière, peut-être la petite famille finira-t-elle par réussir son enracinement après son déracinement…