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LES CONFINS DU MONDE

Guillaume Nicloux - France 2018 1h43mn - avec Gaspard Ulliel, Guillaume Gouix, Lang-Khê Tran, Gérard Depardieu, François Négret... Scénario de Guillaume Nicloux et Jérôme Beaujour.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES CONFINS DU MONDELes Confins du monde nous transporte dans l’Indochine française de 1945. Une période de transition confuse, où il y a plusieurs forces en présence, où les ennemis changent au gré des événements. Les Japonais, qui avaient violemment repris le pays après le coup de force de 1945, se retirent finalement, laissant le champ libre aux indépendantistes vietnamiens. C’est dans ce contexte trouble que surgit le lieutenant français, Robert Tassen. Son frère est mort devant ses yeux, dans un massacre perpétré par un lieutenant sanguinaire d’Hô Chi Minh. Retrouver cette figure du mal pour se venger, telle est son obsession.
C’est donc une guerre intime et parallèle à l’intérieur d’une autre guerre. C’est aussi une sorte de polar existentiel, poisseux, moite, aux confins de la folie, un pied dans la boue du conflit, un autre dans la fantasmagorie. Difficile de ne pas penser à la longue nouvelle de Conrad, Au cœur des ténèbres, matrice de nombreux films de guerre « hallucinés » et notamment Apocalypse now de Coppola, qui a forcément marqué Guillaume Nicloux. A travers Les Confins du monde, on pénètre dans un monde où même ceux qui sont encore vivants ressemblent à des fantômes.

Il n’y a quasiment pas de coup de feu, mais de la peur et de la hantise. Des coups tordus, de la honte, du désir caché. Du romantisme morbide aussi, lié au culte de la virilité, à la fascination qu’exerce malgré tout la guerre, si violente soit-elle. Nicloux montre des états extrêmes, l’extase atteinte grâce à l’opium. Des moments d’attente, teintée de nostalgie : « Le métro me manque » confie du haut d’un mirador le soldat Cavagna, le plus proche ami de Tassen.
Et puis un salut est possible, lorsque Tassen rencontre l’amour, en la personne d’une prostituée indochinoise…
La guerre comme révélateur humain, c'est bien sûr une quasi-constante des films de guerre, mais l'intérêt de ce film, c'est la concomitance de ce thème avec celui de la quête du cinéaste. Si Nicloux n'a évidemment pas vécu le conflit indochinois, on ressent bien le parallélisme entre la quête existentielle de son personnage et sa propre recherche artistique, entre l'aventure de la guerre et l'aventure de ce tournage (toutes proportions gardées, cela va sans dire). Comme Tassen, Nicloux est déplacé, déphasé, déterritorialisé, déraciné de son milieu habituel et cela se sent dans sa mise en scène, attentive aux lieux, aux gens, aux décors naturels, à la chaleur, à l'humidité, à la lumière de ces confins à mille lieues de la France. On pourrait presque sentir à travers son filmage les parfums, la sueur, le sang, comme si la caméra elle-même transpirait.

Les Confins du monde est un film puissamment physique, sensualiste, climatologique : on le doit à la nature, bien sûr, mais aussi aux acteurs, vraiment remarquables d'intensité, de présence, de Gaspard Ulliel à Guillaume Gouix, de la superbe nouvelle venue Lang-Khé Tran à Gérard Depardieu qui imprime sa marque et son génie en une seule scène. Il parait que Nicloux a créé cette scène tardivement, juste pour le plaisir des deux compères de retravailler ensemble. C'est là une excellente raison de faire du cinéma et qui contribue à rendre ce film particulièrement attachant.

(d'après J. Morice, Télérama, et S/ Kaganski, Les Inrockuptibles)