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J'AI PERDU MON CORPS

Jérémy CLAPIN - film d'animation France 2019 1h21mn - Scénario de Jérémy Clapin et Guillaume Laurant. Grand prix de la Semaine de la critique, Cannes 2019 - Grand Prix et Prix du Public, Festival du film d'animation d'Annecy 2019. Pour les enfants à partir de 12 ans.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

J'AI PERDU MON CORPSCe premier long métrage introduit sans conteste son réalisateur dans le sérail restreint des grands maîtres de l’animation. Jérémy Clapin, retenez ce nom : c’est désormais une patte, un style unique, un univers à part qui nous embarque d’emblée. La narration, d’une virtuosité implacable, jamais ne perd le spectateur en route, virevolte avec dextérité dans l’espace et le temps, aussi complexe que limpide. Le cinéaste jongle en permanence avec nos sentiments, nos émotions, nos perceptions, nous désarçonne en véritable illusionniste, brouille les pistes, sèmes des détails oniriques, fait naître des moments de pure poésie, tout en ne dédaignant pas les clins d'œil et les touches d'humour.

Deux récits, deux univers vont se déployer en parallèle et nous envoûter… D’abord celui de Naoufel… Livreur de pizza effacé, comme si son existence avait perdu tout relief, toute espérance. Il n’attend plus le déclic… qui pourtant surviendra au détour d’un jour triste et pluvieux, au bas d’un immeuble parisien impersonnel, devant une porte désespérante où on se casse le nez quand on n’en a pas le code… Le jeune homme sonne, livraison en main, désolé de son retard, prêt à s’excuser platement, à se faire rabrouer, comme souvent. Du haut du trente cinquième étage, lui parvient de l'interphone la magie d’une voix inaccessible. Elle appartient à Gabrielle, c'est ce que dit le nom à côté de la sonnette. Écoutant à peine ses propos taquins, il ne perçoit que sa jeunesse, sa douceur camouflée. Il se prend à rêver, il compose alors un personnage, invente un caractère à l’inconnue… Tout rêveur et ému, le voilà déjà prêt à s’enamourer de cette Gabrielle qu’il n’a jamais vue, ne verra peut-être jamais (?), à imaginer respectueusement sa silhouette… Frêle lueur d’espoir qui vacille dans l’indifférence d’une nuit sans lune… Peut-être cette voix le ramène-t-il sur les chemins oubliés de sa lointaine enfance, lumineuse et pétillante, protégée par les bras d’un père, d’une mère, d’un amour inconditionnel et bienveillant. Tout rayonnait, bruissait alors sous le soleil de l’Algérie, dans une ambiance joviale, où la musique avait une place de choix. Il avait pour tout rêve de conquérir l’espace et d’assister aux concerts réservés aux adultes, qui seuls avaient le droit de se coucher tard…
La seconde histoire, sans parole, impressionnante, est celle d’un membre « fantôme », comme on qualifie cette faculté qu’ont les mutilés de continuer à ressentir des sensations pour une partie de leur corps qu'ils ont perdue. On assiste ici à une surréaliste inversion des rôles : ce n’est plus l’humain qui part en quête du membre qui lui manque, mais une main désespérée qui tente d’échapper à son sort, s’évade d'un laboratoire et part à la recherche de son propriétaire… C’est là que la magie opère, la même que l’on retrouve dans les spectacles de marionnettes, quand l’objet inanimé devient animé, c’est à dire porteur d’une âme. Cette main va devenir très rapidement un personnage véritable. Pour elle on va trembler, quand elle se retrouvera aux prises avec des prédateurs plus grands qu’elle, aux prises avec nos pires cauchemars enfantins, la peur du noir, de la solitude, de l’abandon… On suivra sa quête et son périple constamment tenus en haleine, pendus à ses doigts tellement acharnés à lutter. On espérera pour elle, avec elle on sera émus, par la mélancolie de la pluie, la nostalgie de ce qu’elle fut, la douceur d’une menotte de nourrisson à la peau fine…

Il y aurait tant à dire encore sur ce J'ai perdu mon corps d’une richesse incroyable, qui donne autant à penser qu’à ressentir. Chacun y trouvera forcément son bonheur…