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ET IL Y EUT UN MATIN

Écrit et réalisé par Eran KOLIRIN - Palestine/Israël 2020 1h41mn VOSTF - avec Alex Bakri, Juna Suleiman, Salim Daw, Ehab Elias Salami... D’après le roman de Sayed Kashua.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

ET IL Y EUT UN MATINIl y a au centre de ce très beau film humaniste, poétique et satirique à la fois, une image marquante : l’image d’une maison inachevée. C’est la maison de Sami. Du moins, celle que son père est en train de faire bâtir pour lui au village. Mais au fond de lui, Sami sait qu’il ne viendra pas y habiter avec sa famille. Il a fait sa vie à Jérusalem, loin des siens. Et pourtant, cette maison se construit : difficilement, au ralenti, mais elle se construit. Comme une promesse, sans cesse repoussée, de voir un jour cette famille paisiblement réunie. Si cette image est à ce point marquante, c’est que le film, sous des allures de fable réaliste, nous donne à voir la réalité de nombre d’Arabes israéliens qui ne connaissent pas la paix. Ils sont palestiniens d’Israël et font l’objet d’une emprise délibérée et de situations ubuesques entretenues par l’Etat hébreu (à ce titre, lire les conclusions des récents rapports des ONG Human Rights Watch et Amnesty International qui n’hésitent plus à qualifier la situation d’apartheid). Et il y eut un matin métaphorise ingénieusement cette situation en faisant le récit d’un court épisode de la vie de Sami, de retour chez lui pour le mariage de son frère cadet. Les portes du villages vont soudain se refermer derrière lui, le laissant en quelque sorte prisonnier des siens, contraint de renouer avec leur quotidien et de faire face à des relations qu’il a fuies. La situation hautement absurde qui s’installe va peu à peu rebattre les cartes du village tout entier…
Pour Sami, il était question de ne passer qu’une soirée au village. Cette cérémonie de mariage a quelque chose d’attristant et il souhaiterait en venir à bout le plus discrètement possible. Il lui faut pourtant bien se prêter un minimum au jeu, contenter les anciens du village et leurs interrogations sur sa situation financière, éviter avec le plus d’élégance possible un vieux copain qui pourrait s’avérer trop collant… Aux yeux de tous, Sami c’est celui a réussi, celui qui trouvé un bon boulot à Jérusalem, celui qu’on rêve de voir revenir. Sa femme, Mira, connaît l’envers. Si Sami est parti, c’est qu’il n’arrive pas à affronter certaines réalités : lui qui fume encore en se planquant de son père, lui dont elle sait qu’il cache une relation adultère. Les problèmes restent enfouis et cette soirée de mariage n’aura évidemment rien résolu.

Mais voilà, au moment de repartir, Sami, Mira et leur fils Adam sont stoppés par l’armée israélienne qui ceinture le village. Pas le choix, il faut passer la nuit sur place et revenir mieux entourés au petit jour pour négocier le passage. Mais le lendemain, l’interdiction reste ferme. L’arrivée d’engins de chantier fait redouter la construction d’un check-point. Certains pensent que l’armée cherche des « Dafaouis », des Palestiniens non-israéliens, dont certains construisent la supposée future maison de Sami. La situation s’enlise, le village se retrouve coupé de tout. Aux tensions familiales s’ajoutent l’expectative et les divergences politiques.
Avec lucidité et ironie, le film décortique les sentiments contradictoires de Sami et des personnages qui l’entourent : un père autoritaire en famille qui cache des convictions pacifistes, des jeunes mariés collés à leurs téléphones pour s’exprimer leur amour, la tendresse enfouie sous l’attitude d’une mère silencieuse, l’étrange fidélité d’un ami trop naïf que l’amour a blessé… En tenant les personnages captifs d’un temps arbitrairement suspendu, la portée politique du film d’Eran Kolirin est immense. C’est bien de la vie d’un homme qu’il s’agit, mais c’est autant à un village de mille âmes et au peuple palestinien tout entier que s’adresse cette saisissante métaphore de l’attente, d’où jaillissent l’humour et la finesse, le courage et la mélancolie dont seuls font preuve ceux qui vivent une grande tragédie.