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MOI, DANIEL BLAKE

Ken LOACH - GB 2016 1h39mn VOSTF - avec Dave Johns, Hayley Squires, Micky McGregor, Dylan McKiernan, Briana Shann... Scénario de Paul Laverty. Palme d'Or Festival de Cannes 2016 • Prix du public, Festival de Locarno.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MOI, DANIEL BLAKEKen Loach et son scénariste Paul Laverty, unis au sommet de leur art, nous offrent un film qui donne envie de ruer dans les brancards, invite à ne pas courber l'échine. Qui dresse un tableau à la fois terrible et magnifiquement humain du délabrement du modèle social anglais – mais on a tôt fait de comprendre que notre sort n'est pas tant éloigné de celui de nos voisins d'outre-Manche. Ils n'ont sans doute qu'une encablure d'avance. Après des mois d'enquête sur le terrain, le récit de Loach-Laverty est un condensé de situations si dramatiquement ubuesques qu'il a même fallu les édulcorer pour les rendre crédibles à l'écran.
Nul besoin d'effets de style pour ce cinéma-là ! Le sujet est tellement fort, le propos si limpide qu'il ne s'embarrasse pas de fioritures. Ken Loach s'efface derrière ses personnages et les situations qu'ils traversent avec tact et grâce, humblement, faisant presque oublier qu'il y a derrière la caméra une équipe de choc et la patte d'un immense réalisateur. Daniel Blake, Katie deviennent peu à peu comme des extensions de nous-même, de nos parts lumineuses, de nos destins brisés ou de nos déchirures. C'est beau à tomber, puis à se relever pour lutter.

« On a tous besoin d'un peu de vent dans le dos de temps en temps »… Petite phrase rayonnante qui scintille telle un clin d'œil bienveillant, un phare dans la nuit, celle de Katie. Car c'est bien la seule chose gentille qu'elle entende alors qu'elle arrive hagarde dans les bureaux du pôle emploi, éreintée d'avoir tant couru, de s'être perdue dans cette ville qui lui est étrangère. Elle est là, brune et fébrile, encore essoufflée, flanquée de ses deux mômes, avec pour toute fortune dix livres en poche. Face à elle se dresse l'accueil hermétique d'une administration devenue aveugle et sourde, prête à la laisser à la rue, sanction disproportionnée pour dix malheureuses minutes de retard. Entre ces murs gris et durs, tout n'est que résignation. Celle des usagers venus quémander de l'aide, celle des « conseillers » désemparés qui ne peuvent rien accorder et peut-être celle, plus sourdement violente, des collaborateurs du libéralisme qui semblent avoir refoulé toute forme de sentiments. Que d'impuissance face aux visages figés, aux gestes désabusés, plongés dans cet univers Kafkaïen qui nous questionne. Comment une institution « d'accompagnement » a-t-elle pu se transformer en ce purgatoire déshumanisé ? Alors, quand la voix chaleureuse de Daniel Blake s'élève pour venir à la rescousse de sa semblable, elle est comme une bouffée d'espoir, une petite fleur qui essaie de croître vaillamment en zone stérile. Elle porte en elle toute une philosophie de vie. Savoir que nul n'est à l'abri de trébucher un jour, qu'il n'y a aucune honte à cela, ni à attraper la main tendue, pas plus qu'il n'y a à s'enorgueillir d'être la main qui se tend. Le vent qui apporte la force d'avancer au voilier épuisé le fait sans prétention, tout simplement, parce que c'est dans sa nature. Comme il doit être dans celle des humains de s'entraider.

Tandis qu'il s'insurge ainsi, Daniel en oublie presque que sa condition n'est pas plus enviable que celle de cette inconnue qu'il défend. C'est qu'il a du mal à digérer ce qui lui arrive, lui qui fut toujours un battant. Toute une vie de dur labeur, sans cesser de cotiser, jusqu'à ce que son cœur lâche, dise stop. Quand l'administration s'obstine à le déclarer apte au travail, contre toute évidence médicale, il perd toute illusion sur ce qu'il qualifie de vaste plaisanterie. À quoi bon courir après des boulots inexistants ? Alors qu'il y a tellement mieux à faire dans la vie : par exemple redonner à Katie un peu d'amour propre, ne pas la laisser tomber, elle et sa marmaille…