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GREAT FREEDOM

Sebastian MEISE - Autriche/Allemagne 2021 1h56mn VOSTF - avec Franz Rogowski, Georg Friederich, Anton von Lucke, Thomas Prenn... Scénario de Thomas Reider et Sebastian Meise. Prix du Jury Un Certain Regard, Festival de Cannes • Grand Prix, Festival Chéries-Chéris • Grand Prix, Festival de Valenciennes.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

GREAT FREEDOMHasard des programmations, le Memorial de la Shoah à Paris propose actuellement et jusqu’à fin mars une formidable exposition sur la déportation homosexuelle, trop longtemps la grande oubliée des opérations commémoratives. Un acte fort alors qu’il y a encore peu, certains membres d’associations de déportés s’opposaient à que soient célébrée, lors de la journée nationale du souvenir de la déportation, la mémoire des victimes homosexuelles.
Mais ce qui reste encore largement méconnu, et qui demeure une honte dans l’histoire de l’Allemagne démocratique de l’après guerre, c’est le sort réservé aux homosexuels dans la République Fédérale Allemande libérée du joug nazi. En effet, au titre du terrible Paragraphe 175, édicté à la fin du xixe siècle puis aggravé pendant la période nazie, et jamais abrogé jusqu’en 1994 (!!), l’homosexualité est restée criminelle outre-Rhin pendant 123 ans et passible de prison jusqu’en 1969. C’est à partir de cet incroyable fait historique que le cinéaste autrichien Sebastian Meise a construit le récit de la vie de Hans Hoffman, qui passera directement des camps de concentration libérés en 1945 aux geôles de la nouvelle république où il y fera trois séjours successifs jusqu’en 1969, 24 ans plus tard.

Le cinéaste a choisi une mise en scène audacieuse, se déroulant exclusivement en milieu carcéral, pour évoquer ce quart de siècle durant lequel Hans Hoffman va rester enfermé tout en vivant et aimant entre les hauts murs gris. Une mise en scène faite d’ellipses – naissant souvent autour de fondus au noirs lors des épisodes de mitard – pour aller et venir entre trois périodes, de la fin du nazisme à la fin des années 60 en passant par la fin des années 50. Car ce qui est fascinant et exaltant dans Great Freedom dont le titre – on le comprendra tout particulièrement à la fin du film – est particulièrement ironique, c’est que tout en se déroulant intégralement en prison, il décrit à quel point Hans, qui a passé toute sa vie d’adulte derrière des barreaux, s’est construit une liberté de penser et d’aimer quelques soient les circonstances.
Car pendant ses différents séjours en prison, comme un pied de nez à ceux qui l’ont enfermé pour le punir de ses amours interdites, Hans ne va jamais s’arrêter d’aimer, parfois pour le malheur d’un jeune amant, parfois pour construire une histoire durable comme avec Viktor, un détenu emprisonné pour meurtre, pourtant caricaturalement homophobe, avec qui va se nouer finalement une relation d’amitié puis d’amour, prouvant s’il était besoin que, même si on contraint physiquement un individu, on ne parvient pas pour autant à contraindre ses convictions, ses passions et ses désirs. Le film n’en est pas moins une charge impitoyable – que n’aurait sans doute pas reniée un Fassbinder – sur la continuité des pratiques héritées du nazisme dans l’Allemagne fédérale : preuve symbolique s’il en est dans cette scène où les prisonniers sont missionnés à l’atelier de couture pour découdre des insignes nazis sur d’anciens uniformes de l’armée allemande qui habilleront leurs matons.
Dans cet univers qui pourrait être étouffant mais qui ne l’est miraculeusement jamais, ce qui donne toute son ampleur au film, c’est son duo d’acteurs extraordinaires : Franz Rogowski, impressionnant d’intensité, taiseux, tout en retenue, et Georg Friedrich, à l’opposé tout en fureur dans le rôle de Viktor.