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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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SI BEALE STREET POUVAIT PARLER

Écrit et réalisé par Barry JENKINS - USA 2018 1h59 VOSTF - avec Stephan James, Kiki Layne, Teyonah Parris, Regina King, Colman Domingo... D'après le roman de James Baldwin.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SI BEALE STREET POUVAIT PARLERIl n’y a pas que les humains qui parlent, il y a aussi les rues comme le dit le titre. Et puis les images. Celles de ce Harlem des années 70 sont d’une beauté limpide. Tout autant que l’est le noir lumineux des yeux de la jeune Tish qui expriment tant d’amour, tant de confiance quand elle les plonge dans ceux de Fonny. Ces deux-là se connaissent depuis leurs plus tendres années. Lorsqu’au sortir de l’enfance ils se déclarent leur flamme, elle n’est que le prolongement d’une grande complicité harmonieuse. C’est une relation sans l’ombre d’un doute qui se vit là, pleine d’espoir : celui de l’avenir radieux promis à ceux qui vont de l’avant, courageux devant l’adversité, les obstacles. Ils sont si beaux à voir qu’on s’attache instantanément à eux. On se sent même en totale adéquation avec l’admirable famille de Tish qui transpire non pas la richesse financière mais celle indéfectible du cœur. Les River sont nés pour se serrer les coudes. Toujours prêts à affronter les épreuves de la vie à coups de solidarité, à coups d’humour ou, s’ils ne suffisent pas, d’une rasade de jazz ou d’une lichette de vieux rhum. Si leur monde n’est pas idyllique, il transpire l’harmonie, la joie de vivre qui équilibre chaque instant. On se demanderait même pourquoi un roman puis un film en sont nés, puisque les gens heureux n’ont pas d’histoire…

Tish est jolie et intelligente, Fonny est sage et tendre. Malgré les gros yeux que fait sa mère qui pense que son fils fréquente au-dessous de sa condition, il est évident que ces deux-là formeront un couple heureux. Seulement c’est compter sans le défaut majeur qu’ils affichent aux yeux de l’Amérique dominante de l’époque : ils sont noirs de peau… Ce qui aurait pu n'être qu’une idylle heureuse va donc prendre une ampleur politique, mêlant l’intime au propos universel, et se transformer en critique lucide d’un système inique.
Alors que Fonny et Tish, soutenus par la famille de cette dernière, cherchent désespérément un appartement pour fonder leur foyer, va se produire au détour d’une rue un événement qui va changer le cours de leur vie qu’ils rêvaient sans vagues… Rappel cruel que l’ascension sociale promise par le fameux rêve américain n’est souvent accessible qu’à ceux qui sont nés aussi blancs que des cachets d’aspirine et, de plus, dans les bons quartiers.

Le film tire sa force de la reconstitution très fidèle à l’esprit du roman et de l’époque. Il s’en dégage une ambiance douce, sans amertume, où violence et révolte restent feutrées, mais cela les rend d’autant plus prégnantes. Il pourrait y avoir de l’aigreur face à l’injustice. C’est justement son absence qui renforce la puissance du récit, laissant les sentiments des spectateurs prendre le relais. Les moteurs qui animent les personnages principaux sont toujours nobles et font d’autant plus ressortir, par contraste, les vilenies de leur temps, si lointain, toujours proche. Tandis que le racisme crasse essaie de les diminuer, les personnages avancent fiers et droits, refusant les raccourcis, la haine aveugle, cultivant la beauté, refusant la laideur. Tout ici n’est que poésie, musique, chants d’espérance.