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LES HÉROS NE MEURENT JAMAIS

Aude Léa RAPIN - France / Bosnie Herzégovine 2019 1h25 VOSTF - avec Adèle Haenel, Jonathan Couzinié, Antonia Buresi, Hasija Boric, Vesna Stilinovic... Scénario d’Aude Léa Rapin, avec la collaboration de Jonathan Couzinié.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES HÉROS NE MEURENT JAMAISSur le balcon de son appartement, Joachim raconte à son amie Alice une histoire assez incroyable qui vient de lui arriver et qui le trouble au plus haut point : au tournant d’une rue, il s’est fait apostropher par un mendiant assis sur le trottoir. Sans sommation, l’homme lui a hurlé : « Tu t’appelles Zoran, tu étais un monstre, un assassin et tu es mort le 21 août 1983 en Bosnie ! ». Si Joachim est secoué à l’extrême, c’est que le 21 août 1983 est très précisément la date de sa propre naissance. De là à imaginer qu’il pourrait être la réincarnation de ce Zoran criminel de guerre, il n’y a qu’un pas… qu’il semble prêt à franchir.
Cette confession est filmée de bout en bout par la caméra tremblotante d’Alice, cinéaste documentariste de son état, qui capture la réalité presque par réflexe, et qui connaît bien l’ex-Yougoslavie pour y avoir déjà tourné un film. Les deux amis n’y réfléchissent pas à deux fois : ils vont se rendre en Bosnie et se lancer sur les traces du défunt Zoran…



Les Héros ne meurent jamais fonctionnera donc sur une mise en abyme astucieuse : le film se construit autour du faux tournage d’un faux documentaire cherchant à établir la réalité de l’existence de Zoran et à percer le mystère de sa supposée réincarnation en Joachim. Le spectateur épousera le regard de Paul, caméraman invisible dans le faux film et chef-opérateur du vrai (Paul Guilhaume). Alice s’improvise metteuse en scène du réel, cherchant à fabriquer son récit de toutes pièces. La caméra doit embellir le récit, à la recherche du plan parfait (enfermée dans le coffre d’une voiture pour filmer Alice et Joachim au loin, par exemple). Pourtant, elle ne s’arrête jamais de filmer, et se transforme en témoin accidentel du réel, qui révèle toute l’humanité de ces personnages. La barrière de la langue et l’inattendu constituent alors un ressort comique, accentué par le volontarisme têtu et un peu gauche d’Adèle Haenel et la naïveté de la monteuse son Antonia Buresi.
Derrière ce dispositif hyper-réaliste, le fantastique refait surface. Lors d’une soirée dans un bar en Bosnie, la musique ne fait que cracher. La caméra, elle, s’éteint parfois. Comme si le matériel était brouillé par des interférences surnaturelles. Les morts hantent le récit. La Bosnie, marquée par la guerre, ressasse inlassablement son histoire et celle de ceux qui l’ont quittée.

Joachim est à la recherche de sa propre mort, qu’il va mettre en scène, comme maître de son propre destin. Surgit alors une idée d’une douce poésie. Le cinéma emprisonne les morts pour les rendre vivants, et les faire exister éternellement. La réincarnation existe dans l’image qui capture des instants de vie, animant des corps qui bougent, pleurent et rient. Le cinéma comme souvenir, comme devoir de mémoire, comme spectre du temps.
Les Héros ne meurent jamais traduit le besoin insatiable de l’humanité de se raconter des histoires. Un objet déroutant, intrigant, parfois drôle, et qui confirme, s’il le fallait encore, l’immense talent d’Adèle Haenel.


(d’après A. Dall'omo, lebleudumiroir.fr)