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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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TOUT LE MONDE AIME JEANNE

Écrit et réalisé (et dessiné) par Céline DEVAUX - France 2022 1h35 - avec Blanche Gardin, Laurent Lafitte, Maxence Tual, Nuno Lopez, Marthe Keller...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

TOUT LE MONDE AIME JEANNETout le monde aime Jeanne. Et d’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement ? À l’heure de l’individualisme crasse, quand la planète crame et que l’humanité vit à crédit des ressources naturelles, Jeanne, elle, s’en va sauver les océans. Elle s’apprête en effet à lancer une machine révolutionnaire dont elle est la conceptrice : une colonne de recyclage des plastiques destinée à nettoyer la planète bleue. C’est sa modeste et géniale contribution à la cause. Mais ce qui devait être son heure de gloire va virer à la catastrophe et, sous les yeux ébahis des caméras, le monde assiste en direct à un double effondrement : celui de la colonne, victime d’une grosse avarie technique, et celui de Jeanne. La première va couler et disparaître à tout jamais au fond des eaux profondes, la deuxième va se jeter à l’eau, remettre pied à terre et puis… sombrer dans la déprime. Trouver la bouée à laquelle s’accrocher va prendre du temps, pas mal de temps. Parce que si tout le monde l’aime, Jeanne, elle, n’a pas beaucoup de tendresse, ni d’indulgence envers sa personne. Il se pourrait même qu’elle se déteste et sa tête pourtant bien faite (on y trouve créativité, intelligence, humour, idéalisme) cache en réalité un sacré chaos.



Surendettée, humiliée, honteuse, au fond du trou, Jeanne s’envole pour Lisbonne afin de mettre en vente l’appartement de sa mère disparue voilà un an, façon, peut-être, de retrouver sur le sol de son enfance matière sinon à rebondir, du moins à prendre un peu de recul.
Mais Jeanne n’embarque pas seule. Avec elle, une petite créature chevelue qui n’est ni homme, ni femme, mais un être tantôt doux, tantôt cruel qui lui prodige tout un tas de conseils, remarques, avis, réflexions et autres sentences définitives. Personnifié dans le film par de très joyeuses images d’animation, cet invité surprise donne au récit une coloration particulière, lui conférant charme et légèreté. Petite voix intérieure, mais aussi mémoire active de tous les bavardages, les questionnements, les blessures lointaines, les hontes et les regrets de Jeanne, ce fantôme qui change d’apparence au gré de ses humeurs est tour à tour la voix de sa dépression, celle de son inconscient et de ses désirs ou pensées inavoués(ables).
Décidément Jeanne n’embarque pas seule. À l’aéroport, elle retrouve une vieille connaissance (qu’elle reconnaît d’ailleurs à peine), Jean, qui va la coller comme un vieux malabar alors qu’elle ne rêve que de silence et de calme. Personnage libre et rebelle à la Jeff « The Dude » Lebowski, Jean trimballe sa carcasse nonchalante sous un improbable look : chemisette trop petite, ceinture mal bouclée et lunettes de pin-up, il admet sans détours que la vie c’est difficile, que travailler c’est pas son truc et parle de ses problèmes mentaux sans complexe ni honte. Il n’a pas peur, contrairement à Jeanne qui, elle, s’effraie de tout.
Dans cette ville magnifique qu’elle reconnaît à peine, dévorée entre-temps par la crise et le tourisme de masse, Jeanne va tenter de remonter à la surface, mais l’exercice est périlleux car l’angoisse a sur elle un effet diabolique : comme privée de ses sens, elle ne voit plus le beau, elle ne sent plus la joie et glisse doucement dans son grand vide intérieur, incapable de goûter aux splendeurs ordinaires comme aux petits plaisirs que pourtant lui offre la vie… Mais rien n’est jamais définitivement perdu quand la vie, justement, est encore là.

Pour ce premier film sacrément culotté qui aborde la dépression par la face comédie et raconte toutes les pensées toxiques qui traversent l’humain quand il va mal en les incarnant joyeusement, Céline Devaux offre à Blanche Gardin un rôle doux et émouvant, loin de ceux qu’elle incarne habituellement. Tout le monde aime Jeanne et donc, sans aucun doute, vous l’aimerez aussi.