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JACKY CAILLOU

Lucas DELANGLE - France 2022 1h32 - avec Thomas Parigi, Edwige Blondiau, Lou Lampros, Jean-Louis Coulloc'h... Scénario de Lucas Delangle et Olivier Strauss.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

JACKY CAILLOUChthonien : adj., myth., du grec khthốn (la terre). Dans la mythologie grecque, relatif aux divinités infernales ou telluriques, c’est-à-dire souterraines, par opposition aux divinités célestes. Par exemple, écrire que « l’univers du film Jacky Caillou est chthonien en diable » serait un pléonasme.

Un film fantastique n’est jamais aussi réussi que lorsqu’on en arrive à se demander si, au bout du compte, ce qu’on a vu ressort réellement du surnaturel, habilement conté et mis en images par un cinéaste inspiré, ou si l’univers fantasmagorique dans lequel on a été convié n’est pas surtout le fruit de notre imagination ou de celles des protagonistes. Ce délicieux flottement entre magie naturaliste et fantastique tellurique, Lucas Delangle parvient à l’installer dès les premières images de son film résolument hors du temps.



À l’heure où les adolescents passent le plus clair de leur temps au fond de leur chambre à échanger sur les réseaux sociaux, Jacky vit au grand air des Hautes-Alpes, dont il arpente les reliefs, armé d’une étrange parabole portable reliée à un casque. Un ustensile qu’on croirait sorti d’un magasin de jouets des années 80, et qui lui sert à capter, de chemins en ruelles, tous les sons de rencontre : les bruits de la nature offerts à tous vents comme les secrets qui se murmurent derrière les murs de pierres. Sons méticuleusement glanés avec lesquels, rentré chez lui, il compose une musique qui serait la bande originale de sa vie. Jacky vit dans une maison à l’écart du village, élevé par sa sorcière de grand-mère depuis qu’un accident de voiture l’a privé de ses parents. Oui, une vraie sorcière – au sens où on peut encore l’entendre dans les campagnes : une femme qui a reçu le don, par l’imposition des mains, par la science des essences cueillies dans les montagnes, de soigner les bobos du corps, du cœur et de l’âme. Une pratique que Jacky observe – et écoute – à la dérobée, par le trou de la serrure de la porte du cabinet de consultation. En toute logique, l’aïeule, sentant son heure approcher, s’efforce de transmettre à Jacky, maladroit et peu inspiré, le don de redonner un peu de vie aux organes et aux êtres en souffrance. Lorsqu’une jeune fille, aussi belle qu’intrigante, vient consulter pour une étrange tache qui grossit dans son dos, la vie de Jacky bascule d’un côté clair-obscur qu’il n’imaginait pas. Tandis que dehors, dans les vallons environnants, les attaques d’un loup se multiplient, rendant les bergers de plus en plus nerveux.

Lucas Delangle, qui signe son premier long métrage, tient fermement son film sur le fil entre deux genres a priori opposés : le naturalisme scrupuleux et le fantastique. Il retrouve ce faisant le ton des légendes et contes ruraux dont les récits, aux quatre coins des provinces, continuent d’habiter nos imaginaires collectifs. La peur ancestrale du loup y côtoie les figures magiques des bonnes et mauvaises fées, grimées en vieillardes rencontrées à l’orée des bois, ployant sous leurs fagots… Ayant grandi en Mayenne, territoire où les croyances ancestrales sont vivaces, Lucas Delangle installe dans une Haute-Provence très peu pittoresque son univers rural réaliste, dans lequel le surnaturel survient naturellement – ses comédiens, tous non professionnels, y évoluant avec un naturel tout aussi évident. Enraciné au premier degré dans la culture populaire, d’une intense sobriété, Jacky Caillou est une nouvelle variation enthousiasmante sur le thème du loup-garou, loin des standards hollywoodiens. Le film enchante et fait trembler, il surprend à chaque plan et on ne le quitte qu’à regret, avec un sentiment de douce mélancolie, et l’envie de partir musarder dans les Alpes sur les pas de Jacky.