LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7€
CARNET D'ABONNEMENT : 50€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance de midi : 4,50€
Moins de 14 ans : 4,50€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

Crève La Taule 84
@page { size: 21cm 29.7cm; margin: 2cm } p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 115%; background: transparent }“On nous dit que les prisons sont surpeuplées. Et si c’était la population qui était suremprisonnée ?” Michel Foucault@page { size: 21cm 29.7cm; margin: 2cm } p { marg...

ENSEIGNANTES, ENSEIGNANTS ! Vous pouvez organiser des séances scolaires en matinée.
Nous pouvons organiser des séances à la carte pour vos classes, en matinée. Vous trouverez une liste des films programmables sur notre site internet, rubrique « Jeune public et scolaires »/ “D’AUTRES FILMS POUR LES SCOLAIRES”  Pour les maternelles : Zébulon l...

La Ménardière : un habitat partagé en construction…
À Bérat, à mi-chemin entre l’Ariège et Toulouse, la Ménardière est un beau domaine aux multiples possibilités. Acquis en 2019 par une douzaine de personnes au bord de la retraite qui refusaient le destin peu folichon, que nos sociétés réservent à leurs vieux : ni solution privée au coût e...

Vidéo en Poche, c'est fini
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

DALVA

Écrit et réalisé par Emmanuelle NICOT - France / Belgique 2022 1h20 - avec Zelda Samson, Alexis Manenti, Fanta Guirassy, Marie Denarnaud, Jean-Louis Coulloc'h, Maïa Sandoz, Sandrine Blancke...

Du 22/03/23 au 11/04/23

DALVAUne déflagration intérieure, une onde de choc sourde : ainsi qualifierons-nous l’effet que produit le premier long-métrage de la réalisatrice française Emmanuelle Nicot, – du nom de sa jeune héroïne. Une gosse de douze ans, jolie comme un cœur, vieillie de plusieurs années par une coiffure, des vêtements, un maquillage, une attitude qui ne sont pas de son âge. On dirait une petite dame, soignée et responsable. Avant d’en savoir plus, cette vision crée le trouble, dérange, déséquilibre. On ne s’habitue pas. Il faudra faire avec ce malaise provoqué par l’image que nous renvoie le miroir : le portrait d’une enfant victime d’un père incestueux. Lequel, pendant une décennie, s’est escrimé à élever et transformer sa fille en femme – « sa » femme.



La séquence inaugurale du film traduit par le chaos cette abomination en même temps qu’elle en signale la fin. Des policiers font violemment irruption dans la maison, arrêtent le père, tentent de maîtriser une Dalva en furie, hurlante, se débattant comme le diable pour ne pas être arrachée à cet homme. On gardera en tête cette première scène, semblable à une cicatrice mal refermée qui agit comme un rappel chaque fois que Dalva se révolte.
Emmenée puis placée dans un centre d’accueil pour mineurs, celle-ci donne du fil à retordre à ceux qui l’entourent, les autres filles, les psychologues et son éducateur. Butée, rebelle, Dalva tend vers un seul désir : retrouver son père, obtenir un droit de visite à la prison, lui parler et lui témoigner son soutien autant que son attachement. Elle n’a vécu qu’avec lui, sans droit de sortie – et n’aime que lui. Au centre d’accueil, Dalva continue de tenir son rôle de femme. Elle refuse de se mêler aux enfants de son âge. Et décourage ceux qui tentent de l’instruire sur la notion d’inceste, qui œuvrent à la sortir du déni – prison dont elle tire sa survie – pour enfin la ramener à l’enfance.

C’est ce chemin à rebours qui fait le sujet – et toute l’intelligence – du film d’Emmanuelle Nicot. Chemin que la réalisatrice emprunte de manière exemplaire, en se tenant à bonne distance grâce à une rigueur qui ne faiblit pas, tant dans l’usage des ellipses que dans la composition du récit et du cadre. En refusant de montrer l’immontrable, mais agissant sans ciller quand il s’agit de révéler les mécanismes et les ravages du crime.
Il faudra plus d’une heure pour que l’écheveau de l’emprise se dénoue. Plus d’une heure durant laquelle la jeune Zelda Samson porte le film sur ses petites épaules. Magnifique et déconcertante, agaçante et troublante. On la suit, on la regarde buter contre tous les obstacles, tenter de séduire son éducateur – le seul langage qu’elle connaît –, retarder sa métamorphose. On guette dans chacune de ses phrases l’éclair de lucidité, et dans ses gestes le premier signe de guérison. Car nous ne savons rien de l’itinéraire si difficile et contre nature qu’explore le film : ce chemin que prend Dalva pour passer de la femme hypersexualisée à la petite fille insouciante et sans fard.
(Véronique Cauhapé, Le Monde)