MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 323 DU 13 DÉCEMBRE 2023 AU 23 JANVIER 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 323 DU 13 DÉCEMBRE 2023 AU 23 JANVIER 2024...

Soutenez Utopia Palmer

LE MARI DE LA FEMME À BARBE

(La donna scimmia) Marco FERRERI - Italie 1964 1h56mn VOSTF - avec Ugo Tognazzi, Annie Girardot, Achille Majeroni, Ermelinda De Felice, Filippo Pompa Marcelli... Scénario de Marco Ferreri et Rafael Azcona.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LE MARI DE LA FEMME À BARBEOrganisateur de spectacles forains, Antonio Focaccia découvre dans un hôpital Maria, une jeune femme recouverte de poils. Maria tombe amoureuse d’Antonio, qui l’épouse plus pour le profit qu’il peut en tirer que par amour. Il en fait rapidement son gagne-pain en l’exhibant dans les foires, la présentant comme « la femme-singe ». D’abord ulcérée par cette situation, Maria finit par accepter ce métier dégradant. Elle connaît même le succès et devient l’attraction principale d’un cabaret parisien. Mais bientôt, Maria attend un heureux événement…

Dans Le lit conjugal, Tognazzi était une victime, un homme objet. Ici, renversement, c’est Tognazzi qui exploite une femme. S’il y avait, dans les précédentes réalisations de Ferreri, de l’humour noir et quelques détails macabres, ce qui frappe, ici, c’est la cruauté. Cruauté du climat, cruauté du comportement des personnages (lorsqu’Antonio emmène Maria au zoo pour qu’elle apprenne à imiter la gestuelle des singes), cruauté du trait. Pourtant, et l’on se demande bien comment Ferreri s’y prend, sourd quelquefois une indicible tendresse. Le monstre, bien sûr, ce n’est pas Maria, mais Antonio.
Annie Girardot trouve avec ce film l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Si on reprochait à cette comédienne de quelquefois « en faire trop » dans de mauvais mélos, il faut remarquer que, dans Le mari de la femme à barbe, elle réussit à faire glisser le spectaculaire personnage de Maria vers une intelligente et émouvante intériorité.

À l’occasion du vingtième anniversaire de la disparition de Marco Ferreri, le film a été restauré. Cette restauration était d’autant plus nécessaire qu’elle dévoile les tribulations d’un film pour lequel il n’existe pas moins de trois fins, écrites et tournées. En effet, la nouvelle version – présentée pour la première fois en France – propose trois fins alternatives, l’une à la suite de l’autre : l’une inquiétante, l’autre funeste et la dernière réconfortante. La première est celle voulue par le cinéaste et censurée par le producteur Carlo Ponti. Ce dernier, déconcerté par la noirceur du récit, impose à Ferreri de tourner une nouvelle fin (la deuxième dans l’ordre de vision) qui sera diffusée uniquement dans les salles italiennes. Cette version présente le montage d’origine coupé de sa dernière séquence. C’est en revanche une toute autre conclusion que connaît la copie française (la dernière), présentée au Festival de Cannes en 1964, Ponti obligeant Ferreri à imaginer cette fois un happy end. Plus que de la cruauté qui se manifeste différemment dans chacune des trois versions, le regard de Ferreri sur la réalité relève d’un profond nihilisme ou d’une forme de lucidité qui fait de lui un critique implacable des mœurs dites civilisées. En tournant le film entre Naples et Paris, le cinéaste documente en effet la décadence progressive de la civilisation occidentale, victime d’obsessions ridicules et encourageant un individualisme absurde et forcené. Ainsi, un film consacré à une « bête » s’avère-t-il bien davantage un miroir tendu à une humanité parfois monstrueuse.