Journal de bord d'un cinéma fermé (semaine 3)

Ici est archivé le journal de bord du confinement de la semaine du mercredi 1/04 au mardi 7/04/2020

Mercredi 1er avril, jour 18 de l’après

 


PCA (Paysans & Consommateurs Associés) : livraisons des paniers (légumes, œufs, pain…) mercredi 1er avril de 18h à 19h dans le hall du cinéma.

 

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Les poulettes ont pondu, les légumes pris des couleurs, les biquettes donné leur meilleur lait pour le fromage… et les commandes ont augmenté pour ce mois d’avril ! Notre soutien aux petits producteurs locaux ne faiblit pas ! Donc, pour celles et ceux qui ont commandé, rendez-vous ce mercredi 1er avril à 18h (attention au changement d’horaire : de 18h à 19h) au cinéma Utopia, dans le hall.
Comme les deux derniers mercredis, n’oubliez pas de vous munir de votre attestation.
Les commandes sont préparées chez les producteurs de telle sorte que votre attente sera réduite au minimum. Bien entendu, nous vous demandons le plus strict respect des consignes en vigueur et des distances de sécurité.

 

Les AMAP peuvent continuer à fonctionner
Le site des chambres d’agriculture précise que les distributions en AMAP sont autorisées :
« Les AMAP sont-elles autorisées à fonctionner ? 
Oui, ce sont des points des livraison. Elles peuvent se tenir, au même titre que les points de vente à la ferme ou les drive fermiers en respectant les mesures « barrières ». »
https://chambres-agriculture.fr/exploitation-agricole/gerer-son-entreprise-agricole/coronavirus/ 

 

Et puisque le mois d’avril annonce les bonnes nouvelles mais aussi le printemps, et ce confinement les souhaits, souhaitons que notre société ne poursuive plus au terme de cette pandémie sa course aveugle vers cette nouvelle idéologie du tout sans contact grâce au numérique que nous sommes en train d’expérimenter en ce moment ; ça a du bon, mais restons critiques (à lire : Le confinement amplifie la numérisation du monde).

 

La séquence du confiné #13

 

Hier, il fallait reconnaître le très beau Sils Maria d’Olivier Assayas, avec Juliette Binoche et Kristen Stewart. Le film est un portrait de trois femmes d’âges différents, dont l’une - Binoche en actrice célèbre - est en train de perdre ce que les autres détiennent : la jeunesse qui a jadis fait sa gloire. Avec sobriété et élégance, Assayas réalise son film le plus bergmanien. Une déclaration d’amour aux actrices et une réflexion fascinante sur la modernité.

 

Aujourd’hui, séquence #13 : dans un chalet des Alpes, une femme face à elle-même. Film programmé chez nous du 13 mars au 2 avril 2013. Réponses et commentaires appréciées à bordeaux@cinemas-utopia.org.

 

 

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Jeudi 2 avril, jour 19 de l’après

 

La séquence du confiné #14

 

Hier, la séquence était extraite d’un film de Julian Roman Pölsler, Le Mur Invisible, adapté du roman de Marlen Haushofer. Une femme venue passer quelques jours dans un chalet à la montagne s’aperçoit, un matin, qu’un mur invisible et infranchissable la sépare du monde environnant. En dehors, la vie semble s’être figée dans le temps. Sans moyens de communication et avec pour seul compagnon un chien, l’héroïne se voit contrainte - telle une Robinson Crusoë moderne - d’organiser sa survie et de repenser radicalement son existence. Une étrange expérience de confinement dans les paysages alpins…

 

Aujourd’hui, séquence #14 : juste un regard, dans un magasin de jouets. Film programmé chez nous du 13 janvier au 8 mars 2016 (et même reprogrammé l’été suivant, du 10 au 30 août). Ceux qui vu l’ont vu n’y auront sans doute pas été insensibles : alors à vos réponses et surtout à vos commentaires (bordeaux@cinemas-utopia.org).

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Vendredi 3 avril, jour 20 de l’après

 

La séquence du confiné #15

 

Hier, il s’agissait du somptueux Carol de Todd Haynes (dont on reprendra dès la réouverture l’excellent Dark Waters). Dans le New York des années 50, un coup de foudre entre deux femmes : une jeune employée (Rooney Mara) et une riche cliente d’un grand magasin (Cate Blanchett). Todd Haynes signe un mélodrame splendide où la grandeur des sentiments se trouvent pris au piège de différences de classes et des conventions sociales. Sensuel, contenu et profondément émouvant.

 

Aujourd’hui, séquence #15, un documentaire : personnages hauts en couleurs et follement attachants. Programmé chez nous du 19 décembre 2012 au 8 janvier 2013.

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Samedi 4 avril, jour 21 de l’après

 

La séquence du confiné #16

 

Hier, il s’agissait du film Les Invisibles de Sébastien Lifschitz (dont nous programmerons le nouveau film, le très beau Adolescentes, dès la réouverture). Dans Les Invisibles, Sébastien Lifschitz donne la parole à des hommes et des femmes nés dans l’entre-deux-guerres et qui ont choisi de vivre leur homosexualité au grand jour à une époque où l’OMS considérait cela comme une maladie mentale et bien avant que Mitterrand ne la dépénalise. Témoins précieux d’une époque, ces invisibles sont des héros ordinaires, des résistants précurseurs face à une société conservatrice qui leur niait un droit essentiel : le droit d’aimer.

 

La séquence #16 est extraite d’un objet filmique non-identifié : face à la destruction et à l’oubli, que peut le cinéma ? Programmé chez nous du 3 au 23 décembre 2008. Pas facile celui-là. Quoi ? Comment ? Personne n’a trouvé ?…

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Dimanche 5 avril, jour 22 de l’après

 

La séquence du confiné #17

 

La séquence précédente était un extrait de Je veux voir de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Ces deux cinéastes libanais sont de passage à Paris en 2006 quand leur pays connaît de nouveaux affrontements entre le Hezbollah et l’armée israélienne. Que peut le cinéma ? Ils décident d’emmener une icône mondiale du cinéma, Catherine Deneuve qui ne cesse d’affirmer « je veux voir », sur les lieux d’un pays dévasté. Plutôt que de cacher le ridicule et l’improbable de certaines situations, les réalisateurs et Deneuve les assument pleinement, donnant à voir en échange quelques instants fascinants à la croisée du réel et de l’artifice. Ni fiction, ni documentaire, cet essai propose une réflexion intrigante sur la place du cinéma en temps de guerre.

 

Aujourd’hui, séquence #17 : jeux de matières, de formes et de couleurs. Programmé chez nous du 24 janvier au 6 février 2018 dans le cadre du cycle consacré à l’auteur.

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Lundi 6 avril, jour 23 de l’après

 

La séquence du confiné #18

 

Pour éclairer l’extrait d’hier, nous laissons la parole à Jean-François, habitué d’Utopia, qui nous a fait parvenir sa réponse par message (merci à lui et à tous ceux qui nous envoient des petits mots) : « Séquence #17, déjà ! C’est un extrait de “La prisonnière” d’Henri-Georges Clouzot, qui est à ce cinéaste ce que “Le Voyeur” est à Michael Powell, en quelque sorte. À la fois malsain, lyrique et visionnaire, apogée de l’art d’un cinéaste qui aimait sonder les recoins les plus sombres de l’âme humaine. »

 

Aujourd’hui, séquence #18, séance photo encore avec un appareil déclencheur d’un amour fou. Film programmé chez nous du 16 mars au 12 avril 2011.

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Mardi 7 avril, jour 24 de l’après

 

Que devient l’association Les Amis de l’Utopia Bordeaux ?
Son initiateur, Michel Ibanez, se porte bien et nous envoie quelques nouvelles et un rappel de son fonctionnement pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore. Des informations seront diffusées bientôt sur ce site : amisutopia33.com

 

L’association compte à ce jour 60 adhérents qui participent selon leurs disponibilités aux activités en lien avec la programmation des films.
Pour un adhérent l’unité de temps c’est la Gazette dans laquelle une douzaine de ciné - discussions sont choisies par les adhérents qui les animent.
D’autre part, un partenariat avec Les Restos du Cœur permet à une vingtaine de bénéficiaires de découvrir chaque mois un genre ou un réalisateur et d’échanger dans la salle de la cheminée du cinéma autour d’une collation ; car la convivialité fait partie de notre fonctionnement.
Le ZOOM des Ami.e.s a lieu entre deux gazettes et permet à chacun d’exprimer son ressenti sur les films vus et de donner envie de les voir. C’est aussi l’occasion de parler de l’association et là encore d’entretenir des liens amicaux autour d’un « pique-nique - auberge espagnole ».
La bienveillance de toute l’équipe Utopia est grande et indispensable à la vie de l’association. Après trois ans d’existence, des liens d’amitiés ont permis de belles réalisations comme l’organisation d’un Grand déballage et d’un Repas de quartier sur la place Camille Jullian pour l’inoubliable Fête des 20 ans du Cinéma fin septembre 2019, ou la création des Mercredis de PCA, permettant à l’amap des Producteurs et Consommateurs Associés de s’installer sur la Place Camille Jullian et de promouvoir une agriculture paysanne locale et bio, et sans adhésion pour les consommateurs.
L’affichage de nos activités se fait sur un beau tableau dans le hall du cinéma
(à l’entrée de la salle 5, sur votre droite). Le public peut y trouver toutes les infos concernant les activités à venir et comment nous contacter, adhérer ou participer .
Grâce aux teasers réalisés par les Etudiants de l’ECV et projetés en décembre pour inviter le public à voter pour leur Premier Film Français préféré, le Prix Découverte a beaucoup grandi et en trois ans s’est installé comme un rituel vantant la diversité culturelle et l’émergence de nouveaux talents mais aussi la volonté forte d’Utopia Bordeaux de permettre à des premiers films d’exister. Ce partenariat entre le cinéma et l’association se vit à l’année à chaque sortie d’un premier film que la gazette met en avant en apposant l’indispensable petit macaron pour l’identifier et permettre au public fidèle et curieux de faire un pas de coté afin de voir des films d’un intérêt cinématographique certain bien que souvent moins médiatisés.
Pour terminer, je voudrais remercier toutes et tous les stagiaires (une trentaine depuis trois ans !) de  l’EFAP qui ont créé la charte graphique en 2018, de l’ECV pour les teasers, du lycée Victor Louis de Talence et de l’ISIC de Bordeaux Montaigne, à qui l’asso doit les nombreux visuels créés pour se faire connaître ainsi que pour la médiatisation d’événements mais aussi la réalisation de tâches administratives « ingrates », le tout tendant vers davantage de crédibilité .
Un grand merci à Laurine Brun, étudiante en Master 2 de sociologie, d’avoir animé brillamment la Soirée spéciale du 11 mars avec la projection - débat du film Les Misérables. Trois intervenants éclairants, 151 spectateurs pour un film à l’affiche depuis trois mois ! Afin de passer de l’émotion à la réflexion… Cette soirée fut une vraie réussite !
Un grand merci à l’Equipe Utopia pour sa bienveillance de chaque jour et sa confiance.
Au plaisir de se croiser dans le hall, d’échanger quelques tuyaux, de partager à nouveau.
Michel Ibanez

 

La séquence du confiné #19

 

Hier, la séquence était extraite de L’Étrange Affaire Angelica du feu doyen du cinéma, le grand cinéaste portugais Manoel de Oliveira, 102 ans au moment du film ! Le film raconte l’histoire d’un photographe qui, en faisant le portrait funéraire de la toute jeune mariée Angelica, la voit soudainement reprendre vie dans le viseur de son appareil. Les jours et les nuits du jeune homme ne cesseront dès lors d’être hantés par la beauté de la défunte. Entre fable et réalisme, Manoel de Oliveira filme de manière limpide et amusée une inquiétante étrangeté où l’amour ne n’oppose pas à la mort.

 

Aujourd’hui, séquence #19 : une agonie historique magistralement incarnée. Film programmé chez nous du 2 novembre au 6 décembre 2016. Vos commentaires sur le film ou sur cet immense acteur par message à bordeaux@cinemas-utopia.org