Ciné-Psy à Tournefeuille

Mercredi 10 Mars à 20h30 : projection d'HISTOIRES AUTOUR DE LA FOLIE (première partie) suivie d'un débat animé par le Professeur ESCANDE, Neuro-Psychiatre et ancien Chef de Service au CHU de Toulouse qui nous fera partager son expérience, lui qui a connu le bouleversement de l'arrivée des neuroleptiques dans la prise en charge médicale.

(achetez vos places à partir du 3 Mars, tarifs habituels du ciné)


Mercredi 24 Mars à 20h30 : projection d'HISTOIRES AUTOUR DE LA FOLIE (deuxième partie) suivie d'un débat animé par le Professeur SZTULMAN, Médecin-psychiatre, psychanalyste et Professeur à l'Université du Mirail.

(achetez vos places à partir du 17 Mars, tarifs habituels du ciné)

Un Ciné-Psy ?

Une jolie idée résultant d'une association entre des médecins psychiatres et un cinéma, l'Utopia, pour vous faire connaitre le milieu de la psychiatrie, ses enjeux, ses questions, l'état actuel de sa pratique et de son organisation, grâce à l'ouverture et à l'angle de vue différent que peut nous apporter un film.

Car en 2010, au carrefour entre médecine somatique et sciences humaines, la psychiatrie est toujours aussi peu connue, fait toujours aussi peur et est l'objet de beaucoup de critiques.
En effet, les médias, dans une sorte de délectation morbide, nous rapportent de plus en plus fréquemment ces faits tout droit sortis d'un film d'horreur, où un fou a commis un meurtre d'une rare violence (têtes décapitées des deux infirmières du CHS de Pau par exemple, ou encore les dizaines de coups de poignard sur un commercant d'un quartier de Toulouse...). Et en parallèle, des manifestations de plus en plus régulières ont lieu pour dénoncer des pratiques psychiatriques jugées plus barbares encore, car décidées par des gens « sains », comme les contentions et les « électrochocs ». On a peur des malades mentaux, on a peur des psychiatres. On a peur de trop se renseigner sur les maladies psychiatriques, parce qu'on touche au « soi », et on va souvent demander de l'aide bien trop tard : Qu'est-ce que le psychisme ? De la folie sommeillerait-elle en moi ? Mon fils n'est pas fou ! Je ne suis pas déprimée ! Je ne suis pas alcoolique !
Les pathologies psychiatriques sont si nombreuses et fréquentes (1% de la population est schizophrène, 3% ont des troubles paniques) qu'il est impossible de ne pas connaître au moins une personne dans son entourage qui n'ait eu recours à la psychiatrie.

Dans un monde qui perd de plus en plus ses valeurs humaines, où la peur est bien trop souvent le moteur de transformations désastreuses, où le fait d'obtenir tout et tout de suite est devenu une nécessité, un véritable besoin pour beaucoup d'entre nous, comment vivre ensemble ? Toi à côté d'un fou, le fou à tes côtés ? Quelle aide apporte et peut apporter la psychiatrie ? Mais d'abord, qu'est-ce que la psychiatrie ? Réfléchir ensemble sur ce qui touche à l'individu dans ce qu'il a de plus profond, ses pensées, ses émotions et les comportements qui en résultent, et sur l'intégration de cet individu dans la société.

Nous vous proposons donc ici de commencer ce projet autour d'Histoires autour de la folie, documentaire déjà diffusé l'an dernier, qui nous servira de base dans notre approche de la psychiatrie. En effet, quoi de mieux que de reprendre l'histoire pour comprendre la naissance et l'évolution de cette toute récente spécialité médicale ? L'époque où l'on soignait les fous sans neuroleptiques, le début de l'institution... Nous faire comprendre d'où vient la psychiatrie, nous rappeler l'histoire pour éviter de réitérer les mêmes erreurs, et surtout se poser la question du sens que l'on veut qu'elle prenne...



HISTOIRES AUTOUR DE LA FOLIE

Paule MUXEL et Bertrand de SOLLIERS

Documentaire France 1993 3h30mn - Proposé en deux parties de 1h45 chacune.

« Les Histoires autour de la folie sont d’abord une histoire, l’histoire de l’asile de Ville-Evrard, fondé en 1868. Les auteurs commencent par le commencement, la genèse du lieu d’exclusion et des lois qui ont dicté sa création. Ils en explorent la mémoire, font l’historique des conditions d’enfermement, les rites barbares du XIXe siècle aux méthodes en place en 1993. Les thérapies évoluent. Il y a le temps de l’agitation avant les neuroleptiques et le temps de la prostration après les neuroleptiques. Mais la peur de l’autre demeure qui engendre des systèmes de défense.
« De ce lieu de tragédie, une parole s’élève. La parole de ceux qui en ont vécu la réalité quotidienne, soignants et soignés. Parole jaillie d’une écoute qui n’est pas de l’ordre – si galvaudé – de la compassion mais de l’indignation qu’une telle réalité ait pu exister, perdurer. Ce réquisitoire contre l’exclusion, grâce au choix d’une mise en scène distanciée qui exclut voyeurisme et identification, a l’évidence du constat et découle des découvertes successives que les auteurs nous amènent à faire ».
C’est le texte écrit pour Documentaire sur grand Écran qui avait fait un boulot formidable à la sortie du film. On applaudit et on confirme et pour vous allécher davantage encore, on citera Bourdieu qui disait du film : « c’est un document saisissant qui laisse des traces profondes »… car il n’interroge pas seulement la mémoire jusqu’à ce qui fut l’apogée de la psychiatrie de secteur au début des années 90 et le début de son déclin : plus que jamais cette réflexion immense est d’actualité et pose des questions fondamentales sur l’enfermement et ses conséquences, sur le comportement de notre société à l’égard de la maladie mentale, sur la nature humaine.

Les quatre heures passent trop vite et on a envie de voir, de revoir, de garder le film en sortant, de le faire connaître… réjouissez-vous, il existe en DVD depuis février 2007 avec des bonus passionnants : www.editionsmontparnasse.fr


Commentaires

1. Le vendredi, mars 26 2010, 13:30 par fabien

j'ai assisté à la 2ème soirée de ciné-psy, mais je n'ai pu rester suffisamment de temps après la projection du film pour intervenir. D'où ce commentaire.
j'adhère profondément à la démarche qui consiste à être curieux de ce qui se passe derrière les murs des hôpitaux psychiatriques. J'y adhère tellement que, du coup, quelque chose ne colle pas! "faire connaitre le milieu de la psychiatrie, ses enjeux, ses questions", ses pratiques, son organisation, comme y invite le texte de la gazette est un programme aussi pertinent qu'ambitieux. Mais est-on bien sur que les psychiatres patentés soient les mieux placés pour le réaliser? Pourquoi se priver du regard des historiens, après tout il s'agit d'histoire de la psychiatrie!, des philosophes, des sociologues, etc ? De nombreux travaux existent, des chercheurs aussi, pourquoi ne pas les inviter à participer, à mettre en perspective, à proposer un regard différent de celui des professionnels de santé? Pas substitutif, mais complémentaire...
Il me semble important d'éclairer ces lieux tapis dans l'ombre, comme les prisons, les centres de rétention et autres lieux d'enfermement. S'informer de ce qui s'y passe est une démarche, presque en soi, politique. Alors autant y aller sérieusement et ne pas se contenter de lumières tamisées... Augmentons la puissance des projecteurs!
je ne peux n'empêcher de penser au Groupement d'information sur les prisons, le GIP, des années 70, avec M. Foucault comme figure emblématique. Toute proportion gardée, la démarche ciné-psy présente un air de famille avec celle du GIP. Ce serait aussi les associations de patients et les patients eux-mêmes, ou ex-patients, qui seraient aussi les bienvenus pour intervenir, commenter et réagir aux prochains films. bref, tout ceux qui sont concernés, impliqués, par les pratiques psychiatriques. Les discussions n'en seraient que plus riches, plus intéressantes, certainement plus surprenantes, peut être moins professorales aussi. Après tout, la "folie" concerne tout le monde et n'est pas l'apanage d'une catégorie de personnes... "Démonopolisons" le discours sur la psychiatrie, démocratisons les procédures qui donnent la parole à certains et pas à d'autres...chiche? osons...osez, cher(e)s utopistes!

2. Le samedi, mars 27 2010, 14:06 par vonstroheim

Bonjour Fabien,
Avant tout, nous vous remercions pour votre commentaire et pour cet éclairage tout à fait pertinent. Sachez tout d'abord que nous allons dans le même sens.

A ce jour nous démarrons donc un cycle autour de la "Psychiatrie", alors quoi de plus normal que de le débuter par son commencement, c'est à dire par qu'est ce que la psychiatrie ? qu'est ce que quelqu'un de malade ? et comment soigne-t-on nos malades ? quelle place ont-ils dans notre société aujourd'hui ? de quelle façon la psychiatrie évolue-t-elle?

Nous avons débuté ce cycle à la demande d'internes en psychiatrie, qui souhaitaient élargir le débat en dehors de l'enceinte de leur établissement afin de l'ouvrir à un plus grand nombre. Ils nous ont proposé de le faire avec le film Histoires autour de la folie, que nous avions déjà projeté il n'y a pas si longtemps, et nous avons accepté car nous sommes tous concernés par le sujet et pas seulement les institutions.

Sachez également que ce cycle se construit petit à petit, en fonction de ce chacun y mettra dedans, en fonction de vos réactions, de vos envies d'aborder un sujet, d'en développer un autre, voire de l'approfondir. Car pour faire vivre, exister et se maintenir ces rencontres, il faut les réfléchir et les faire évoluer tous ensemble.

Ces échanges ne prendront tout leur sens que si, comme vous Fabien, la demande et les réactions vivent et circulent.

Car ce sont bien des rencontres-débats suivies d'un réel échange que nous souhaitons, et non un cours professoral à sens unique.

Donc, pour la suite, vous nous apportez des pistes qui demandent à être envisagées et repensées oui, et nous profitons de cette réponse pour lancer une forme d'appel : manifestez-vous, faites-vous connaitre, discutons-en ensemble et voyons comment faire avancer tout ça.


Fabien, nous attirons en retour votre attention sur ce que vous n'avez pu entendre, ayant du quitter la salle à l'issue de la projection sans avoir pu participer à ce débat, qui s'est révélé riche, très riche en échanges, grâce notamment à la générosité du professeur Sztulman, qui a su entendre le souhait que nous avons de faire vivre de réels échanges et qui a su aller chercher chacune des personnes présentes. Nous lui sommes infiniment reconnaissant de s'être joint à nous tous avec une approche profondément humaniste, qui elle seule permet de vraies discussions dont l'envie était présente en chacun d'entre nous ce soir-là.
Nous vous invitons donc, dès demain dimanche 28 Mars, à écouter sur ce blog (sous le titre Ciné-Psy #2) ce débat auquel vous n'avez pu assister.

Encore merci de vous être donné la peine de nous dire votre ressenti, que nous avons bien entendu !

A bientôt,

Cécile et Jeremy