samedi, mai 23 2020

Atelier d'écriture YAKSA 7 : Kévin

La première fois que je l’ai vu, c’était à mon anniversaire, il était sorti d’un énorme gâteau avec des oreilles de lapin et un pompon blanc coincé entre les fesses. On peut pas vraiment dire que ce soit mon genre de mec mais il s’était passé un truc, je ne sais pas quoi exactement, quand il m’a pris par la main pour m’assoir sur ses genoux et qu’il a caressé ma nuque devant toutes les copines complètement hystériques j’ai senti une drôle de chaleur m’envahir, je pense que je devais être rouge comme un coquelicot et j’ai fait un malaise vagal. J’ai fini aux urgences en réanimation.

La deuxième fois que je l’ai vu, c’était à la manif des intermittents du spectacle. il était debout en short sur un char et il ondulait son corps aux sons des rythmes syncopés lâchés par les artistes en colère. Je passais par hasard et du coup j’ai suivi toute la manif. il jetait des petits papiers en l’air, des tracts de toutes les couleurs et c’est en les ramassant que je me suis fait renversé par la camionnette FO. J’ai perdu connaissance et j’ai fini aux urgences en réanimation.

La troisième fois que je l’ai vu, c’était à l’inauguration de la boutique traiteur primeur lounge cyber café qui a ouvert en bas de chez moi, il est sorti d’un gaspacho géant comme la vénus de Botticelli de l’océan. Il était beau comme un diable avec ses morceaux de tomates et de poivrons collés partout sur lui. Pas de danger que je me fasse renverser, ils avaient interdit la circulation dans la rue pour l’occasion. J’ai juste fait une intoxication alimentaire et j’ai fini aux urgences pour un lavage d’estomac.

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vendredi, mai 22 2020

Atelier d'écriture YAKSA 6 : Daria

Je m’appelle Greg Camazot, j’ai 34 ans ; je suis arrivé à Londres, il y a deux ans. Je travaillais à cette époque pour la Food and Drug Administration pour développer des recherches en alimentation alternative d’origine animale à base d’insectes.

Les semaines qui avaient suivi le départ de Daria n’avaient pas été faciles. Nous nous étions rencontrés en Indonésie, il y a trois ans ; rapidement nous avions décidé de vivre ensemble avec le projet de revenir en Europe; plus précisément, deux années à Londres avant de repartir pour Bornéo, toujours dans le cadre de mon activité de recherche sur les insectes.

Cette vie de perpétuels changements ne lui convenait plus, elle m’avait souvent parlé de revenir habiter en Hongrie. Le domaine familial d’Harkany lui reviendrait bientôt. Cet atavisme avait resurgit de façon brutale après le décès récent de son père. Elle venait de décider de repartir en Hongrie pour quelques temps.

L’appartement que je louai à l’époque dans l’East End était assez sombre et j’étais resté enfermé des jours entiers, volets baissés. A cette époque de l’année, Londres se couvrait de brumes épaisses et la luminosité baissait brutalement, la température aussi d’ailleurs.

Ce qui avait séduit Daria au début de notre relation, c’était mon excentricité, mon côté « clown » comme elle disait. Elle m’avait d’ailleurs offert un trapèze volant que j’avais accroché ingénieusement à la plus haute poutre métallique du salon.

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jeudi, mai 21 2020

Atelier d'écriture YAKSA 5 : à partir de tableaux de Magritte

Test du parapluie.

 

Les Vacances de HegelComment savoir si un parapluie est vraiment étanche ?

C’est très simple.

Prenez un verre d’eau. Oui un simple verre d’eau transparent. Un verre que vous pouvez trouver partout. Un verre sans identification spécifique.

Remplissez-le au 9/10 - c’est très important- d’eau du robinet :

- l’eau de ville, c’est bien connu, a un pouvoir bien plus prégnant que l’eau de source. Oui vous le saviez mais il est toujours bon de le rappeler. -

Ensuite choisissez LE parapluie. Là aussi pas d’erreur. Il faut un parapluie français sinon le test perd tout son sens. L’exception française assurément.

L parapluie idéal pour ce test reste un bon parapluie d’homme. Donc noir. Désolée !

Avec un manche en bois de chêne pour la stabilité. Il reste cher à l’achat.

Enfin positionnez le verre sur le parapluie une fois celui -ci ouvert en grand.

C’est très acrobatique. Si vous pouvez, faites-vous aider pour cette étape.

Et voilà !

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Atelier d'écriture YAKSA 4 : la parole

Parole que l’on dit sans y penser.

Parole qui échappe, le mot de trop où la parole exprimée sans retenue se transforme en parole dérangeante et devient celle qu’on n’aurait pas dû dire.

Parole qui peut être mise en musique ou en poème.

Parole divine, posée sur une musique sacrée.

Parole indicible, qui se scande en rimes par le poète, portant en elle sa propre musique, et se décline en accords harmonieux sur la portée du compositeur.

Parole que l’on entend avec beaucoup d’émotion.

Quand elle est violente, portée par une voix stridente, elle peut être effrayante, aux effets blessants. Même sonore, si elle est sèche, elle peut ne pas avoir été entendue. Inexpressive ou tardive, elle n’en est pas moins émouvante par son rythme. La parole touche alors au-delà des sens, parle au-delà de son propre sens.

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mercredi, mai 20 2020

Atelier d'écriture YAKSA 3 : vernissage

Un soir, je me promenais dans une petite rue du centre : vitrine éclairée et petite foule élégante verre à la main sur le trottoir. Sans réfléchir je suis entré. Jamais mis les pieds dans un vernissage, qu’est-ce qui m’a pris ? Jolie lumière, ambiance douce, j’ai aimé tout de suite. Ce n’était pas du tout mon environnement, rien de familier, j’étais égaré, j’étais là, juste là sans penser à rien. Depuis tout jeune mon truc c’est ressentir, j’ai ce mot dans la tête, en réfléchissant je crois que je cherche à retrouver le baiser de ma mère, le soir sur mes paupières avant de m’endormir. «Je veux être un homme heureux» dit la chanson, je crois que ressentir c’est être heureux.

Alors là, je regardais, tranquille, une sculpture, enfin un truc que je ne savais pas vraiment qualifier et c’est ce qui la rendait intéressante la chose parce que ça provoquait milles questions dans ma tête. Je convoquais quelques chansons parmi les milliers qui ont colonisées mon cerveau d’enfant isolé. Avec j’essayais de me décrire la situation, de poser l’ambiance pour partir avec la proposition de l’artiste, inventer une histoire… D’ailleurs où était l’artiste? Je ne sais pas, je n’ai pas eu le temps d’y penser.

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mardi, mai 19 2020

Atelier d'écriture YAKSA 2 : cluedo carnavalesque à Utopia Borderouge

Salut, toi qui oses entrer dans l’Utopia Borderouge! Fais attention, car un homme en cavale pour ses crimes serait passé par là ou y est peut-être encore, caché dans sa planque… Si tu veux en savoir plus sur l’enquête, je t’invite à lire cet article au titre étrange « Bal masqué et Cluedo à l’Utopia Borderouge » dans la gazette du cinéma.

L’agent Mayonnaise ne se remettait encore pas de l’ordre de son commissaire. Lui, aurait préféré s’élancer sur la route de la soie pour enquêter sur les contrebandiers et les chauve souris zombies! Mais hélas la mayonnaise ne prit pas! On lui confia une affaire plus citadine qui avait lieu dans la ville de Toulouse. Plus sur la route des lampadaires que sur la route de la soie, maugréa t-il lorsqu’il reçut sa mission… Son fidèle assistant Mr Cocotte Minute à ses côtés, il allait lui montrer, à son commissaire, tiens, qu’il pouvait mettre la main sur l’assassin. Et quel assassin ! Puisque celui là avait l’art de se camoufler. Il présentait toujours un visage différent à la police grâce à son talent pour faire des masques.

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lundi, mai 18 2020

Atelier d'écriture YAKSA 1 : Métamorphose

Roger Grosjean, célibataire endurci, vivait dans sa ferme natale avec sa mère. Sa sœur s’était mariée quelques années auparavant et venait de temps en temps avec mari et enfants partager le repas dominical. La vie était rude dans ce hameau lozérien où l’eau était rare. “Ne gaspille pas l’eau”, lui avaient seriné ses parents tout au long de son enfance.

Il avait deux troupeaux de brebis : les viandes et les laitières, comme on disait dans le pays. Il aimait s’en occuper, les suivre sur le haut plateau accroché aux nuages et vivre avec elles le cycle des saisons: agnelage, production laitière, étés dehors sous le soleil brûlant, hivers confinés dans la bergerie. Comme tous les paysans, il ne prenait jamais de vacances, mais il n’en souffrait pas. Pourquoi partir ailleurs ? Il était bien ancré dans cette terre aride, au rythme de ses brebis qu’il aimait bien sans jamais se l’avouer.

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