Hors-saison

C'est bientôt noël, période tragique pour ce pouvoir d'achat dont on nous rebat le porte-monnaie depuis quelques mois... D'ailleurs, Saint Nicolas nous l'a bien dit, il va falloir se serrer le pouvoir d'achat. En guise de liminaire, voici une petite Chanson du dimanche des deux intermittents de Pêche Production (idée de slogan : « Pêche Production ! Pour avoir la pêche en toute saison !)

Heureusement, il y a une alternative très simple, supprimer ces infâmes privilèges que nos ancêtres ont jalousement accumulé pendant deux siècles : la durée légale du travail, le régime de retraite par répartition (ne nous berçons pas d'illusions, les étapes seront peut-être nombreuses, mais c'est l'objectif final), l'accès universel aux soins et à l'éducation, etc. (bon, je prends quelques raccourcis, mais c'est à peu près la direction générale) Et tout ça au nom de quoi ? Du pou-voir-d'a-chat, qui baisse, qui baisse ! L'économie nous tient par les bourses, il va falloir serrer les fesses !

Lors de sa dernière intervention au Medef, St Nicolas se scandalisait de ce que les salariés des activités culturelles puissent travailler le dimanche et pas les autres (on notera au passage l'absurdité du raisonnement et le caractère désintéressé de mon propos : qui va venir à Utopia si tout le monde bosse le dimanche, hein ?). À peine les RTT sont-elles expédiées qu'il parle déjà de s'attaquer au jour du Seigneur. Extrapolons : si tout le monde bosse tout le temps, quand c'est qu'on va consommer ? De là à en conclure que la société de consommation est en péril du fait même des mécanismes invoqués pour la sauver... Le plus énervant dans cette histoire, c'est la généralisation de l'emploi de cette notion de « pouvoir d'achat » en lieu et place de « crise économique et structurelle », « pauvreté », etc. Ci-dessous un instantané savoureux de la définition que l'on peut trouver aujourd'hui dans Wikipedia :

La nouveauté de cette notion n'a pas conduit a de grandes analyses à ce jour mais il est cependant très intrigant de voir de quelle façon elle s'est diffusée. Il semblerait d'ailleurs qu'elle a largement remplacé d'autre notions comme les salaires ou les revenus voire la pauvreté dans le discours public. [...] Selon de nombreux linguistes, un changement de vocabulaire conduit à des changement dans la vision des choses (les premiers furent Sapir et Whorf, sinon vous pouvez lire le synthétique LQR). Or quels peuvent être les changements qu'apporte l'apparition de ce concept ? Comme dit plus haut, le pouvoir d'achat semble être devenu une notion fourre-tout pour parler de l'incapacité à se produire des biens. Le fait de la substituer à la revendication pour les salaires n'implique plus leur hausse pour résoudre ce problème. Lorsque l'on revendique plus de pouvoir d'achat, la solution n'est pas forcément une hausse des salaires mais peut très bien être une baisse des prix. Idem pour n'importe quel revenu. On pourrait très bien croire que cela revient au même d'augmenter les salaires ou de baisser les prix. D'une certaine manière ça l'est du point de vue de la consommation, mais c'est oublier que le salaire est aussi une reconnaissance. En outre en remplacer la paupérisation par la baisse du pouvoir d'achat est beaucoup plus efficace du point de vu communicationnel, et peut relever de l'euphémisme volontaire dans certains cas.

Et pendant ce temps-là on ne parle pas d'Europe (entre autres)... J'en profite pour indiquer deux sites à ceux qui comme moi pensent que la démocratie sortirait grandie d'une consultation par référendum sur l'adhésion au « mini » traité européen : le site du Comité national pour un référendum où vous pouvez signer une pétition ; et 29mai.eu, une initiative du collectif du 29 mai, sur lequel vous trouverez plein de documents utile dont le PDF d'une plainte à adresser à la Cour Européenne des Droits de l'Homme, à l'occasion par exemple de l'envoi de vos vœux de bonne année.