Sea, sex and sand : les Bateys

Saluti ! Je reviens du ciné où j'ai assisté à la projection HAITI CHERIE et je lis ton message. Tu as décidé de partir pour tes vacances en République Dominicaine (vol + Séjour + Formule Tout-Inclus 15 jours de 710 € TTC). Tu trouves cela super et pas cher. Néanmoins, avant que tu ne partes, je veux que tu saches ce qui se passe dans cet « Eldorado ».

Si l'économie de la République Dominicaine est florissante, c'est en grande partie dû au travail d'une main d'œuvre pas chère et maintenue en esclavage : LES HAÏTIENS.

Depuis plus de 90 ans et selon des modalités différentes, des jeunes haïtiens sont recrutés dans les quartiers pauvres et les bidonvilles, pour travailler à la coupe de la canne ou dans les domaines agricoles. Ces recrutements furent pendant 75 ans contractualisés et monnayés entre les gouvernements haïtiens et dominicains. Suite à des différends politiques, ces accords furent cassés et depuis 17 ans, c'est le CEA (Conseil d'État du Sucre, en espagnol) qui  les embauche par le biais de rabattage pour le compte de 4 familles richissimes. Les conditions d'une vie meilleure font que bon nombre acceptent de partir. Tu sais, il est facile de tromper quelqu'un qui a faim…



Mais ce paradis devient très vite un enfer. Conduits par bateau comme des esclaves vers des bateys (bidonvilles miséreux), leurs papiers sont saisis et remplacés par un carnet de travailleur. Tous travaillent plus de 15 heures par jour, pas de salaire mais des tickets de rationnement pratiquement sans valeur, qu'ils ne peuvent utiliser que dans les boutiques alimentaires des bateys (les colmados). Les baraquements dans lesquels ils sont parqués ne remplissent aucune condition élémentaire de vie : pas d' eau, pas d' électricité, pas de commodité, ils dorment à même le sol… Terrorisés par les gardiens et devenus des clandestins (puisque sans papiers et sans cadre juridique), très peu tentent de s'enfuir, et ceux qui essaient sont battus à coup de machettes par les rabatteurs. Comme toujours dans ces situations, les femmes sont abusées, et leurs enfants, quand elles peuvent les mettre au monde, ne sont pas scolarisés. Aucun soins médicaux, beaucoup de vieux meurent d'épuisement.

« INCROYABLE ET PERSONNE NE FAIT RIEN » : oui, certaines ONG ne portent leur action que sur les conséquences (Batey Relief Alliance), pas sur les causes, car celles-ci relèvent du pouvoir juridique de l'État Dominicain qui puise ses sources dans l'origine historique entre les peuples haïtiens et dominicains. Une solution serait, sans multiplier les ONG, qu'elles soient présentes et efficaces sur les quartiers difficiles d'Haïti, pour empêcher ces réseaux de trafiquants d'agir, afin de développer de vrais projets collectifs et d'améliorer les conditions de vie dans les bateys.

Avant de mettre dans ta valise maillot de bain, lunettes de soleil, et autres articles de farniente, navigue donc sur ces sites :

Commentaires

1. Le vendredi, novembre 14 2008, 09:31 par dominique

Les choses évolues grace à quelques dénonciateurs courageux. Les bateyes sont propriété privée des compagnies sucriéres et les ong n'y sont pas les bienvenues, mais les choses changent, s'il n'y a pas encore l'eau sur l'évier et l'électricité dans les maisons il faut savoir que beaucoup de villages dominicains ne sont pas mieux lotis. Cependant tous les bateyes disposent d'écoles, de lieux de cultes et de dispensaires médicaux, depuis 1 an l'école est obligatoire jusqu'à 12ans...
Ce qui manque le plus à ces gens c'est un minimum d'éducation et d'instruction civique et ça c'est une chose que les dirigeants leur refusent.
Les salaires sont dérisoires et le travail pénible, mais ils n'ont pas d'autre choix, c'est subir toutes les humiliations pour survivre ou mourir de faim dans leur pays d'origine. La crise actuelle ne va pas arranger les choses, la récolte de la canne se modernise, de moissonneuses arrivent en nombre, une machine fait en une journée le travail de 10 hommes en 2 semaines, bien des emplois risquent de disparaitre et bien des Haïtiens seront renvoyés chez eux, un nouveau drame en perspective car Haïti est exangue et la RD n'a pas la capacité d'intégrer toute la misére de l'île, la sienne lui suffira.
Nous avons crée une association, une de plus, mais dans l'est c'est une nécessité, notre site : www.batey.fr explique le pouquoi.
S'il est vrai que derrière les murs d'enceinte des hôtels resorts une autre vie s'active il faut dire que sans les hôtels la vie de millions de dominicains ne serait pas ce qu'elle est, il ne faut pas se cacher la face mais il ne faut pas non plus culpabiliser si les buffets des hôtels sont mieux garnis que la table des coupeurs de canne, par nos voyages nous participons à l'amélioration du quotidien des plus défavorisés. le tourisme de masse est une calamité pour un petit pays mais une aubaine pour ses habitants.

2. Le mercredi, novembre 4 2009, 14:57 par bernard

je travaille actuellement dans les bateys si tu veux des nouvelles fraiches....