Lycée bayard : de l'autre côté du miroir

Même équipe de professeurs mais nouveaux élèves. 18 filles et garçons volontaires se sont plongés dans un bestiaire japonais, retrouvés aux côtés d’un aventurier hollywoodien ou ont été envoûtés par les charmes de la Bête. Puis d’un coup d’un seul, après ces voyages vers le merveilleux, le réel les rattrapa pour leur rappeler pourquoi ils avaient été conviés à ces projections : élaborer des textes critiques et un carnet du spectateur.

Au vu du résultat passionné et passionnant de leur travail, on peut dire que le défi est relevé haut la main.

Donc après 3 ans, on peut constater que l’engouement des élèves pour ce projet ne cesse de progresser leur permettant d’élargir leur culture cinématographique et de prendre goût à l’écriture.

Vous trouverez ci-dessous les trois critiques puis vous pourrez consulter le carnet du spectateur en cliquant sur le lien en bas de page.


                                                       La Belle et la Bête

la belle et la bête

Il était une fois un château mystérieux et lugubre peuplé d’objets animés où des bras portent les chandeliers, des mains servent le vin à table et des statues en pierre observent en silence. C’est le repaire de la Bête (Jean Marais), un prince ensorcelé coupé du monde. Jean Cocteau nous invite cependant à nous méfier des apparences. Sous son aspect monstrueux, la Bête se montre attentionnée et généreuse à l’égard de la Belle (Josette Day) prisonnière volontaire dans son palais. Le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1757) est adapté de manière théâtrale et poétique par Jean Cocteau. Son utilisation du noir et blanc crée une atmosphère étrange et merveilleuse. Les ingrédients de la fable sont réunis : un cheval blanc connaît le chemin qui mène au château, revêtir un gant magique suffit à disparaître pour réapparaître ailleurs, un miroir reflète ce que l’on veut y voir. Il faut y croire prévient Cocteau au début de son film. La mise en image du conte sublime la romance entre la Belle et le Bête. Par magie, le rêve s’anime et l’amour déjoue les faux-semblants. Réalisée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’œuvre onirique de Cocteau était une libération. Aujourd’hui, c’est un chef-d’œuvre.

                                                 La Rose pourpre du Caire

la rose pourpre du caire

Woody Allen filme une histoire hallucinante sur fond de crise économique des années 1930 aux Etats-Unis. Cécilia (Mia Farrow) et son mari Monk (Danny Aiello) trouvent la réalité tellement éprouvante qu’ils la fuient chacun à sa manière, lui dans les jeux, elle au cinéma. L’imaginaire est l’antidote à la morosité du quotidien. Cécilia visionne pour la énième fois La Rose pourpre du Caire, une production guimauve sur fond de pyramide, quand soudain l’aventurier Tom Baxter (Jeff Daniels) s’arrête net dans sa réplique, regarde la jeune femme dans les yeux et lui déclare son amour ! Et Tom de traverser l’écran pour la rejoindre. Frissons et stupeur dans la salle. Mais Cécilia, elle, est sous le charme. De spectatrice, elle se retrouve alors l’héroïne d’une histoire extraordinaire qui mêle romantisme, humour, magie et rebondissements. Cécilia rêve-t-elle ? Oui mais c’est un rêve éveillé, en technicolor et Tom, pourtant fictif, est bien réel quand il la serre dans ses bras. Et l’on sourit des aventures de ce personnage trop beau pour être vrai, décalé dans le monde désenchanté de Cécilia. Leur histoire d’amour survivra-t-elle à ce tour de passe-passe ? Si Woody Allen célèbre dans cette fable l’imaginaire libérateur du cinéma, il n’est pas dupe de la dure réalité du business hollywoodien. Reste les films, heureusement. Heaven, I’m in heaven…

                                                      Le voyage de Chihiro

le voyage de chihiro

Hayao Miyazaki est un magicien. Son Voyage de Chihiro nous amène très loin, au bout d’un tunnel mystérieux, dans une sorte de parc d’attraction abandonné des hommes, coupé du monde. Mais la nuit venue, sous les étoiles et dans le scintillement des guirlandes électriques, la ville fantôme reprend vie : les dieux sont de sortie ! Quand Chihiro se retrouve en compagnie de créatures toutes plus étranges et inquiétantes les unes que les autres, on ne sait pas trop s’il faut s’en amuser ou redouter le pire. Mais qu’on se rassure, chez  Miyazaki, rien n’est tout blanc ou tout noir. Chihiro fait son apprentissage dans les bains de la sorcière Yubaba au milieu de grenouilles bavardes, de dragons volants et de spectres au visage pâle. Ce voyage nous transporte dans un tourbillon de magie. Comme Chihiro, on se frotte les yeux pour y croire.


Nous tenions à remercier : Thibault Armengaud, Yoan Benguigui, Victoria Bernabeu, Tristan Combelle, Assita Dosso, Ilham El Amrani, Kevin Folgueral, Marley Fornoni, Melvin Forestier, Loic Gau, Christophe Guiochet, Matthieu Jeanjean, Nael Kerouadan, Damiel Madi, Jérome Merenda, Faïz M’Hamdi, Romuald Villac et Ton Swinnen pour leur formidable travail rédactionnel et leurs recherches approfondies mais aussi les professeurs : Sylvie Biscaro, Agnès gallego, Christelle Heurlier, Chrystel Sabathier, Christian Soulard et Laurent Pujol.