C’était au mois de mars 2003...

C’était au mois de mars 2003… dix ans tout juste après qu’Utopia Toulouse ait ouvert ses portes. Pas moins de 1500 personnes s’étaient pressées ce jour-là pour découvrir le nouveau ciné : il y avait du beau monde, la compagnie Emmanuel Grivet nous avait régalés de quelques entrechats et pantomimes, notre maire (Claude Raynal) s’était fendu d’un savoureux discours piqué de ces pointes d’humour vachard dont il a le secret ; on avait bu, parlé, chanté, dansé un peu…

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Tout ça avait commencé parce qu’un jour, l’adjointe à la culture de Tournefeuille (Dany Buys), à l’issue d’une de ces soirées mouvementées d’Utopia Toulouse où elle avait relevé le gant d’un défi lancé aux politiques locaux autour du film La Conquête de Clichy, nous avait proposé de venir prendre notre part dans le paysage culturel que l’équipe municipale dessinait pour Tournefeuille. Intrigués, on était venu y voir de plus près : ces élus-là nous plaisaient bien, non pas que Dany nous ait fait la danse des 7 voiles, mais on avait aimé leur façon modeste et ambitieuse de faire de la culture le point fort de leur politique locale : ni élitisme, ni gabegie, mais une ouverture large à tous sans exclusive. Leurs copains de parti (le PS) leur avaient pourtant déconseillé de faire appel à ces trublions incontrôlables dont ils n’aimaient guère les mauvaises façons…

S’en suivirent des années de bonheur où, si les débats étaient vifs (on se rappelle ceux autour de la constitution européenne en 2005 et quelques autres…), il n’y eut jamais la moindre tentative de la part des élus de réfréner l’ardeur contestataire d’Utopia et de ses spectateurs qui n’étaient pas en reste : on retiendra la lutte du collectif citoyen (une pensée émue pour Progresso) qui bloque depuis plus de dix ans un projet de centre commercial gigantesque à Plaisance du Touch, ce genre de machin promu par des multinationales qui dévastent le territoire, vampirisent les commerces de proximité qui, avec les activités culturelles, sont les derniers à créer du lien social entre les habitants… D’ailleurs, on remercie au passage boulanger, fromager, cave à vin, Biocoop etc… qui contribuent aux soirées festives d’Utopia.

On ne saurait citer tous ceux qui, à Tournefeuille et autour, ont participé de la vitalité d’Utopia : enseignants, associations multiples… beaucoup étaient présents ce vendredi 8 février 2019 pour célébrer, parfois avec émotion, le passage de relais à la SCOP Santa Magdalena et on ne doute pas une seconde que la nouvelle équipe sera portée avec plus d’enthousiasme encore par tous ceux qui ont toujours contribué à faire de ce petit cinoche un lieu vivant, vibrant, mouvant…
Le nouveau maire de Tournefeuille (depuis 2015), Dominique Fouchier, est venu bénir au Pomerol la clef du royaume Utopia remise à ses salariés. En compagnie de son adjointe à la culture, il a assuré à la jeune équipe son soutien indéfectible pour les 83 années restantes du bail consenti en 2003.
Quant à nous qui l’avons créé, que ceux qui nous posaient la question avec une pointe d’émotion se rassurent : nous avons eu trop de plaisir à vous côtoyer chaque jour pour ne pas avoir envie de continuer encore à cheminer avec vous. N’ayez crainte : on a plus d’un tour dans notre sac à magie, plein d’histoires à vous raconter et d’aventures à vous proposer…

NOUS VOULONS GARDER LE FEU ET LA FLAMME de ce cinéma qui est le vôtre.

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Vous nous connaissez, ouvreur/ses, caissiers/ères, projectionnistes, techniciens/ennes d’entretien… Nous sommes les travailleurs/euses de ce lieu, qui vous accueillons chaleureusement, fraternellement. Vous nous voyez venir dans les salles vous interpeller. On échange régulièrement avec vous sur ce beau cinéma que nous choyons. Cet endroit de liberté et du vivre ensemble qu’on voudrait tant faire perdurer tel que vous le connaissez ou le découvrez.

 

On s’occupe de faire fonctionner le site, de mobiliser les énergies, de faire turbiner la vie et l’ activité. On allume la cheminée, les projecteurs, nous préparons les billets, faisons briller le sol, imaginons des moments merveilleux en enlevant les toiles d’araignée, on gère, on administre, on pense, on s’éclate… Nous sommes beaucoup d’origine étrangère. Les pays et cultures actuellement représentés à Utopia sont l’Algérie, le Brésil, la Colombie, l’Espagne, la France, l’Italie, le Mexique… Ce sont les accents que vous entendez à la caisse et dans le hall. Nous vous entendons aussi, ce melting pot (salad bowl) qu’est Utopia Tournefeuille, un croisement des cultures extraordinaires, donnant dynamisme à cette petite ville à l’Ouest de Toulouse.

Il était question de transmission, et on a décidé très fort de saisir l’occasion, s’emparer de notre outil de travail, le faire vivre pour longtemps, au-delà de nos courtes vies.
Nous sommes convaincus qu’il faut faire perdurer ce cinéma qu’on estime unique et merveilleux tel qu’il est, avec sa caisse et ses billets à l’ancienne, avec ses ouvreuses qui font la criée des films et des places qui nous restent, avec ses soirées de discussion, avec ses événements imaginatifs et à taille humaine, tout ce qui en fait ce lieu d’expression commune… Il y a un côté extrêmement authentique dans cet échange sincère et cordial avec le public, par le biais du cinéma. Dans un lieu qui réunirait la convivialité du Jimmy’s hall de Ken Loach et la patine du Grand Budapest Hotel de Wes Anderson.
Bien que nous soyons conscients de l’éphémère de la vie – carpe diem ! – bien que nous soyons des oiseaux de passage, nous persévérons dans nos ambitions cinématographiques, nous ferons, avec votre soutien, tout ce qui est en notre pouvoir le pouvoir de nos mains, de nos esprits, de nos cœurs – pour faire perdurer l’esprit de ce lieu indomptable du far-ouest toulousain.

UTOPIA BORDEROUGE

L’attente attise l’amour… Vous connaissez la chanson : les intempéries, les grippes, les vacances… le retard d’une entreprise qui repousse le planning de l’autre ; un décalage dans la finition des façades et Oppidéa ne peut aménager les abords qui relèvent du domaine public, travaux essentiels pour que vous arriviez les pieds secs : pas question de vous faire patauger dans la gadoue, vos souliers saliraient notre belle moquette rouge.

On espérait vous ouvrir les portes du ciné le 27 février, il faudra attendre la prochaine gazette. Ce qui n’a pu être fait en janvier sera fait en février et ce n’est pas plus mal comme ça puisque, dès que les services de la Mairie et d’Oppidéa auront livré la terre, on va pouvoir la travailler : avec un peu de chance, le ciné ouvrira alors que l’herbe commencera à verdir, le mûrier à bourgeonner et les engins de terrassement ne viendront pas troubler votre quiétude. Pour le moment, les salles sont finies, les fauteuils sont posés, les projecteurs font des essais… on va avoir le temps de peaufiner la décoration et le reste…

« Quand février pleure, avril rit » dit un dicton gascon… Le printemps sera ensoleillé et fleuri, mais dès fin mars nous pouvons prévoir des séances avec les enfants, leur donner la primeur d’une série d’inaugurations.

AVIS AUX ENSEIGNANTS, AUX PARENTS, AUX ASSOCIATIONS …

Dès le 27 mars, on propose de vous offrir des projections-découverte du ciné. De petits films surprise sortis de notre chapeau, une visite guidée des cabines et des salles par l’équipe d’Utopia Borderouge qui répondra aux questions qui ne manqueront pas… et tout ce qu’il vous plaira d’ajouter : les parents et les enfants peuvent préparer des gâteaux, de quoi faire un petit buffet à partager, Utopia offrira à boire. Ce sera comme autant d’inaugurations en cascade pour faire connaissance. Et pourquoi pas prolonger la visite de petits textes ou dessins concoctés par les gamins…
Toutes les suggestions sont les bienvenues. Vous pouvez nous téléphoner dès maintenant au 06 45 47 83 51 (numéro provisoire en attente du définitif) ou écrire à borderouge@cinemas-utopia.org. On s’accorde sur une date, sur le film, sur l’animation à prévoir… Musique et chants sont bienvenus (on prévoit d’installer un piano dans une des salles).

INAUGURATIONS : dans la prochaine gazette, vous en saurez plus sur la date précise et définitive de l’ouverture, puisqu’elle comportera la programmation des deux lieux : Toulouse Borderouge et Tournefeuille. Vous y trouverez le détail des festivités prévues : il y aura plusieurs inaugurations.

CINÉ-TRICOT : les tricoteuses de Tournefeuille viendront inaugurer le coin de la cheminée avec un ciné-tricot : apportez vos aiguilles et votre laine pour vous joindre à elles…

Le maire, les élus et les représentants des instances accompagnantes auront eux une inauguration spéciale : le 19 avril (l’agenda très chargé de Jean Luc Moudenc ne permet pas de date plus proche). Vous pouvez d’ores et déjà noter : vous êtes bien entendu tous invités.