Borderouge : L'attente et le désir…

Borderougeoises, Borderougeois !… Habitants des quartiers et petites villes alentours, Tournefeuillus en vadrouille… pardonnez nous ! Nous nous couvrons la tête de cendres, nous nous flagellons, nous nous mortifions, nous revêtons le cilice, dépités d’avoir dû annuler projections et festivités annoncées dans la gazette précédente.
On vous explique : la gazette partait chez l’imprimeur le 18 mars et nous étions tellement confiants en nos architectes, entreprises, bureaux d’étude et de contrôle que nous avons anticipé la décision de la Commission de Sécurité qui devait se réunir le 4 avril… hélas ! Nous battons notre coulpe ! Il manquait au dossier les plans réactualisés par rapport au permis de construire initial, il fallait des vérifications supplémentaires, des points de réglementation à discuter : rien qui mette en péril vos chères vies, mais la réglementation est la réglementation, il faut respecter et ne pas vendre la peau de l’ours avant qu’il ait consenti… nous le saurons, vous le saurez, ils et elles le sauront… Fort de cette expérience et, puisque à nouveau nos dates de gazettes ne s’accordent pas bien avec celles des réunions de la Commission de Sécurité, nous attendrons que la commission du 6 mai ait eu lieu et donc la gazette suivante pour vous annoncer de nouvelles dates…

… au mois de mai vous irez voir les films de Cannes à Tournefeuille ou au Cosmo.

L’inauguration était annoncée le 19 avril à 17h30 : impossible d’arriver à aller complètement contre une information diffusée à 60 000 exemplaires et malgré tous nos affichages, vous avez été nombreux à venir boire un jus de pomme bio. L’après midi avait été venteux et nuageux comme tous les vendredis avant Pâques et votre bonne humeur nous a été un merveilleux réconfort, vos petits gâteaux et vos fleurs étaient doux à nos cœurs. Encore mieux qu’une inauguration officielle avec flonflons et discours calculés, bigre qu’il était agréable d’écouter vos souvenirs du quartier, vos compliments et commentaires : et les fauteuils qui étaient confortables, et la patte Utopia qu’on retrouve dans les couleurs et les premiers tableaux… vous vous êtes unanimement esbaudis en découvrant un coin cheminée (comme à Tournefeuille !), un jardin semé du jour même, savourant d’avance de pouvoir vous rassembler là très bientôt. Vous nous avez dit qu’il est frustrant de devoir attendre encore, mais après l’avoir espéré pendant près de dix ans, combien vous étiez heureux de visiter des salles rutilantes qui fleurent la peinture fraîche… l’attente attise le désir, c’est bien connu, et vos soupirs nous étaient doux. Ce fut un moment de grâce et si nous avions bien mal aux pieds le soir à force d’accompagner vos visites, nous étions vraiment très heureux… Merci à ceux qui sont venus, merci à ceux qui nous ont envoyé des petits mots désolés…
Ce mois de mai sera donc pour nous tranquille : il ne reste plus qu’à installer le mobilier, les tableaux, les trompe-l’œil… la cuisine, qui ouvrira à la fin de l’été et fera l’objet d’un nouveau dossier à la Commission de Sécurité…
L’herbe commence à poindre au pied du mûrier… L’association Domino et Jacques le jardinier ont semé la terre que nous a confiée la mairie de graines de prairie fleurie ponctuée de quelques massifs qu’on espère touffus et colorés… à condition que les pigeons arrêtent de picorer partout… satanés pigeons !
Et merci au Comité Nord du NPA qui nous a fait la surprise d’un chouette communiqué, ci-après, qui résume bien tous les douces paroles dont vous nous avez rassasiés…

Quant à Tournefeuille ? la santé va, merci ! Et la jeune SCOP Santa Magdalena s’active avec bonheur, ravie de pouvoir programmer, dès leur présentation dans le grand palais du Festival de Cannes, quatre films en compétition… et en tout premier lieu Douleur et Gloire d’Almodovar, cher au cœur de nos hispano-philes et phones, Le jeune Ahmed des frères Dardenne, The Dead don’t die de Jim Jarmush et Sibyl de Justine Triet…

Sans compter tous les autres, sorties nationales, continuations ou reprises… une sacré brochette de films qu’on a aimé, qu’on aime, qu’on aimera longtemps et qui nous branchent sur notre époque épique, avec J’veux du soleil qui s’installe dans la durée tandis que son public ne cesse de se renouveler et de débattre à la sortie des séances, preuve que le mouvement des Gilets Jaunes continue à provoquer un débat salutaire qui n’a pas l’air de vouloir s’éteindre. « Les héroïnes oubliées » ont, comme toujours leur place avec Vita et Virginia, même si Virginia Woolf n’est pas vraiment oubliée, moins en tout cas que Astrid Lindgren, pourtant auteur de livres pour enfants parmi les plus édités du monde (Fifi Brindacier, ça vous dit ?) et à qui la réalisatrice danoise Pernille Fischer Christensen consacre un film, Astrid… Les deux films donnent en tout cas à découvrir l’envers de la célébrité de deux femmes qui avaient en commun d’être anticonformistes et dont les vies n’ont pas été un long fleuve tranquille… Dieu existe, son nom est Pétrunya, Rebelles, Organic Birth… viennent comme en écho à ces deux films raconter qu’en Macédoine, en France comme ailleurs, les femmes continuent à bousculer l’ordre des choses…

Bienvenue à Utopia à Borderouge !

Et un Utopia de plus quarante-trois ans après le premier à Avignon. Un Utopia de plus au milieu des quartiers du nord de Toulouse, les Trois Cocus, la Croix Daurade, les Izards, Saint Selve et à deux pas du métro. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore cette fédération de cinémas d’Art et Essai, quelques particularités qui font son charme : bien sûr les films en Version Originale sous-titrée, pas de pub, pas de pop corn, une gazette qui se lit des deux côtés, un prix des places correct soit 5 euros avec un carnet de 10 tickets, des débats très souvent, une cheminée avec du bois qui brûle, un resto prévu pour l’automne…Et la programmation pour le cinéma qu’ils aiment et que nous aimons, et qu’Utopia résume ainsi : « c’est celui qui nous branche sur le monde, nous ouvre toutes les cultures, nous plonge dans l’histoire, les coulisses de la politique, les méandres de l’esprit humain… » En bref un cinéma à contre-courant de la marchandisation de la culture. Alors bienvenue à Utopia, pour que se tissent des liens et des coopérations avec les associations de nos quartiers. Pour que nous puissions nous retrouver à la terrasse du bistrot (enfin un bistrot à Borderouge !) et au pied du mûrier. Ensemble, nous voulons du soleil et nous serons de votre nouvelle aventure.

Comité Nord du NPA 31, Le 19 avril 2019