Versailles

« L'enfant, c'est une personne en devenir. Sa nature, c'est de grandir. Et s'il n'y a pas de croissance, c'est sa nature d'enfant qu'on entrave.

« Aujourd'hui, 900 000 personnes vivent dans des endroits précaires. Et même à Versailles, dans le domaine historique, une poignée d'exclus s'est réfugiée dans les bois. Notre pays vit dans un état de décomposition larvée » Pierre Schoeller

Je m'adresse à vous spectateurs. Ceux par et grâce à qui je m'essaie à l'écriture. A tous ceux qui m'imposent de me dépasser par ce terrible exercice. A tous ceux qui nous arrivent à la caisse du cinéma, ou à la sortie d'une salle, nous demandant dans une grimace, en faisant la moue, sur un ton laissant entrapercevoir tous les à prioris que cela dénote, et faisant déjà deux pas en arrière : « Et Versailles ? »...

Mesdames Messieurs, je vous prie de bien vouloir dépasser et déposer vos craintes à l'entrée de la salle, et je vous assure que vous ne les récupèrerez pas à la sortie. Car Versailles est un bijou, une épopée humaine où de la difficulté naît l'espoir, cet espoir qui permet le dépassement de soi.

Paris, aujourd'hui. Un enfant et sa mère dorment dehors. Nina est sans emploi, ni attaches. Enzo a 5 ans. Leur errance les conduit à Versailles. Dans les bois, tout près du château, un homme vit dans une cabane, retranché de tout, Damien. Damien, c'est Guillaume Depardieu, magnifique Guillaume Depardieu, formidable figure d'airain, bien campé sur sa jambe de bois. Nina est à bout de forces, elle n'arrive pas tout à la fois à se reconstruire et s'occuper de son enfant. De cette seule nuit passée avec Damien, elle va voir en lui une force morale telle qu'à l'aube elle s'enfuit, lui laissant Enzo, sachant confusément qu'elle peut lui faire une totale confiance pour s'en occuper. A son réveil, Damien, qui avait péniblement construit son îlot de tranquillité, de certitudes, se retrouve seul face à cet enfant aux yeux écarquillées, qui ne connaît que la peur et la faim. Au fil des jours, des saisons, l'homme et l'enfant vont se découvrir, s'apprivoiser, s'attacher. Leur lien sera aussi fort que leur dénuement. Un jour pourtant, il faudra quitter la cabane...

Pour Pierre Schoeller, qui a participé par le passé au magnifique film d'Agnes Merlet, Le fils du requin, Versailles c'est d'abord l'histoire du lien qui se noue entre un homme et un enfant. Ce film peut s'adresser à tous, quelque soit l'âge ou la situation, car il nous montre que même dans des situations difficiles, chaque individu fait partie intégrante de la société dans laquelle il vit. Comme rien n'est acquis, rien n'est perdu d'avance, et rien n'est plus important peut-être que de le comprendre dés l'enfance... C'est ce que nous montre ce film, et c'est que nous voudrions vous démontrer par son intérmédiaire. Nous vous mettons donc au défi de passer la porte, et vous souhaitons à tous et à toutes de vous laisser imprégner par cette force et cette énergie salvatrice. Qu'elle vous nourrisse...