Journal de bord 13

C’était quelque part en Italie, écrasée sous la chape du corona virus, une toute petite information au journal de 6h30 sur France Inter, une petite information de rien du tout, mais qui touchait véritablement au cœur de l’humaine condition. Ce soir là, à 20h, dans le petit appartement tristounet de Giuseppe, arrive Maria, jeune assistante de vie qui se désole tant elle trouve son patient déprimé… un ancien maçon presque centenaire. Il n’a plus toute sa tête à l’issue d’une journée de solitude, et refuse la petite soupe que la jeune fille lui a préparée. Giuseppe, visiblement, n’a plus goût à rien, mais comme il aime bien Maria et ses visites, il accepte de goûter à sa soupe : une cuillère, puis deux… monte alors des balcons, tout autour, un tonnerre d’applaudissements, des cris, des chants, un concert de casseroles, et de fait, à ce moment là, Maria n’a aucune peine à se convaincre et à convaincre le vieux bonhomme au moral vacillant que tout ce charivari, c’est pour eux. Elle qui a fait la soupe et lui qui, cuillère après cuillère, a fini par la manger… Ce soir là, Giuseppe, le regard brillant, sortira son vieil harmonica d’un tiroir pour se joindre au chahut.

Alors oui, chers spectateurs confiné, sans doute avons nous là une petite nouvelle de rien du tout mais qui, mine de rien, nous éclaire sur ces boulots capables de faire des miracles… On se souvient alors de cette étude britannique sur la valeur sociale des métiers menée en 2009, dans l’ancien monde, et qui posait dans l’Angleterre de Margaret Thatcher une bonne question : qu’est-ce qu’un bon ou un vrai métier ? Déjà, à l’époque, tout à l’adulation des premiers de cordée, notre pays s’était royalement foutu de cette étude alors que l’on était pourtant en république. Gageons qu’aujourd’hui, dans un monde post-virus, claironné comme nouveau, elle pourrait alimenter la réflexion de nos élites. Ces trois auteurs, les chercheuses britanniques Elis, Helen et Susan, dont on retiendra que les prénoms tant elles nous sont sympathiques ont recouru à la méthode du retour social sur investissement, pour quantifier la valeur d’un métier en fonction de ses effets positifs ou négatifs sur la collectivité. Par une série de calculs ingénieux en s’efforçant de retenir le plus grand nombre possible de paramètres, elles établissent, par exemple que l’agente de nettoyage en milieu hospitalier (ça tombe on ne peut mieux) produit dix livres sterling de valeur sociale pour chaque livre absorbé par son misérable salaire (six livres de l’heure, soit moins de huit euros) en raison, notamment de son apport à la réduction des risques d’infection nosocomiale. De même, un ouvrier du recyclage payé aussi six livres de l’heure pour démonter le frigo jeté à la benne et en extraire les pièces récupérables génèrera 12 livres de valeur sociale pour chaque livre durement gagnée. Autrement dit si les revenus de la nettoyeuse et de l’ouvrier étaient indexés sur leur utilité sociale, ils mèneraient la vie de château à Bérat qui leur est due…

Il en va différemment avec le conseiller en optimisation fiscale : cet homme là dont le travail consiste à priver la collectivité du juste produit de l’impôt, détruit s’il est un peu nul, 47 fois plus de valeur qu’il n’en crée, contrairement à l’employée de crèche qui, par l’éducation prodiguée aux enfants et le temps libéré pour les parents, rend à la société 9,43 fois ce qu’elle perçoit en salaire. La considération sociale allant paradoxalement en prime au conseiller en optimisation fiscale…

Allez donc voir le site d’Utopia Bordeaux… la lettre de PCA (Paysans et Consommateurs Associés) est passionnante, et vous y trouvez des liens divers avec Les Mutins de Pangée et comment voir le film Monsieur Deligny, vagabond efficace et autres informations… les mousquetaires d’Utopia (tous pour un, un pour tous) ont chacun leur particularités qui se répondent et se complètent… voulez vous jouer avec nous…

Ce jour un nouveau film arrive, toujours de l’excellent distributeur Jour2fête, le distributeur qui pétille…. Le Bonheur d’Emma qui parle de l’amour, de la vie, de l’amour de la vie, de la mort et de petits cochons roses… Un film qui sera toujours disponible sur Videoenpoche après le confinement ou directement sur le site du distributeur en question.

Quiz 13 : c’est un film dont l’avant première à Utopia avait été précédée d’un mini-concert par l’Orchestre de Chambre de Toulouse… Magnifique film d’un réalisateur disparu bien trop tôt et dont vous avez pu voir quasiment tous les films à Utopia depuis son tout premier sorti l’année de l’ouverture du premier Utopia à Avignon en 1976… (vous avez été plusieurs à trouver la réponse au Quiz 12 : Ernest et Célestine)

Commentaires

1. Le vendredi, mai 8 2020, 12:23 par Marie

Merci infiniment pour la découverte de cette étude!!